Bonjour !
Attention, très grosse nouvelle (8000 mots). C’est une nouvelle que j’ai écrit pour ma sœur et qui n’a jusqu’à présent pas réellement trouvé son public si on peut dire… Mais personnellement, je tenais à faire quelque chose. Le thème principal est celui de la réincarnation. Donc il faut comprendre que les personnages des différentes « vies » sont en fait les mêmes âmes. Réincarnées inlassablement, intimement liées quelques soient leurs vies. Jusqu’à ce que tout ça se résolve et qu’ils fassent enfin ce qu’ils étaient destinés à faire. Gardez cette esprit en tête. C’est un peu dans l’esprit de la cartographie des nuages et les thanatonautes si vous connaissez.
Bonne lecture !
Vies inachevées
À ma sœur Nina,
« C’est comme une longue symphonie qui dure depuis des siècles.
Peut-être des millénaires. »
336, un village en France
Marie-Jeanne s’était rendue à l’église juste après le petit déjeuner. Elle s’était apprêtée, coiffée et avait revêtu sa plus belle robe. La bleue avec des broderies d’or qui dessinaient un aigle aux ailes déployées sur sa poitrine. Elle s’était même parfumée. Il pleuvait ce jour-là, alors elle se dépêcha de traverser la rue pour ne pas gâter sa toilette. Une fois à l’église, après s’être signée, elle se dirigea directement vers le confessionnal. Son cœur battait à toute vitesse. C’était le grand jour.
— Bonjour mon Père.
— Bonjour ma fille. Que se passe-t-il ? Vous êtes essoufflée. Avez-vous commis un si grand péché pour être venue en courant ?
— Oui, mon Père. Mais si je suis essoufflée, c’est simplement car j’ai couru à cause de la pluie.
— Racontez-moi, mon enfant. Parlez sans crainte. Le Seigneur vous écoute.
— Pardonnez-moi mon Père, car j’ai péché. Il se trouve que… oh je ne saurais comment exprimer cela.
— Continuez, je vous prie, la rassura l’homme derrière le panneau de bois.
La jeune fille prit une profonde inspiration. Cette fois, elle était décidée à dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Rien ne pourrait l’en empêcher, elle était prête. Tant pis pour les conséquences. Elle ne pouvait garder ce secret plus longtemps.
— Il se trouve que… j’aime un homme, mon Père. Je l’aime profondément, de tout mon cœur, mais je ne peux m’offrir à lui. Je n’en ai pas le droit et cet amour m’inspire des pensées impures. Je suis égoïste, car j’aspire à son amour alors que je n’en suis pas digne. Je ne suis qu’une femme vaniteuse et aujourd’hui encore, j’ai fait preuve de narcissisme en me faisant belle davantage pour moi que pour lui. J’ai honte, mon Père, de vouloir offrir mon amour impur de femme pécheresse à cet homme.
— Voyons mon enfant, l’amour est un beau sentiment. Rappelez-vous que Dieu lui même est amour.
— Mais mon père vous ne comprenez pas… Il est… Il est un homme de Dieu.
— Oh…
— Mon Père… Oh Loïc, c’est vous. Je me languis de vous, je ne pense qu’à vous. Jour et nuit, vous me hantez. Comment un homme aussi beau et délicat que vous peut-il être prêtre ? Je rêve de vous, de vous et moi et j’ai l’impression de deven…
— Stop ! Je ne peux en entendre davantage. Calmez-vous Marie-Jeanne.
Cette fois, elle s’interrompit, consciente d’être allée trop loin. De l’autre côté, Loïc semblait réellement mal à l’aise. Sa voix tremblait, il la congédia sans attendre.
— Je… je réfléchirai à une pénitence appropriée.
— Loïc, s’il vous plaît.
— Sortez, je vous prie.
— Mais….
— Allez-vous en !
1048, un château près de Châtres
L’heure approchait. Les hommes avaient commencé à se rassembler dans la cour du château, prêt à partir dès que leur seigneur le leur ordonnerait. Louis avait ordonné à son écuyer de préparer son cheval et ses paquetages. Il n’avait pas envie de partir, c’était sa première campagne. Il savait qu’il était de son devoir de suivre son père sur le champ de bataille et de mettre son épée au service du roi, mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. La honte le rongeait, un chevalier ne devait pas avoir peur.
De toute manière, Louis n’avait pas le choix. Il devait partir, personne ne lui demandait son avis. Il ne pouvait qu’espérer que la guerre soit courte pour rentrer au château le plus vite possible. Revenu victorieux et auréolé de gloire, il pourrait alors épouser sa bien-aimée. Jehanne de Cornouailles dont il venait de demander la main. Elle était venue avec sa famille pour célébrer le mariage. Lorsque le roi avait appelé son père, le jour même de son arrivée, ils avaient bien été contraints de reporter leurs épousailles. Louis aurait préféré se marier malgré tout, faisant fit de la grande cérémonie et de la tradition, mais encore une fois il n’avait pas eu son mot à dire.
Il voulait au moins lui dire aurevoir et lui promettre de rentrer au plus vite. Elle l’attendrait, il lui faisait confiance. Le jeune homme frappa à la porte des quartiers des femmes, une servante lui ouvrit. Une fois entré dans la pièce, il croisa immédiatement le regard bleu de sa fiancée qui abandonna son ouvrage pour venir à sa rencontre. Elle était magnifique, comme toujours ; Louis la trouvait plus belle de jour en jour.
— Mon cher amour, que faites-vous encore ici ? Je vous croyais sur le départ.
— Je ne pouvais me résoudre à vous abandonner sans vous revoir une dernière fois.
— Ne dites pas de telles sottises mon Louis, ce n’est pas la dernière fois.
La voix de Jehanne n’avait jamais été aussi autoritaire. Louis en fut surpris et prit la main de sa fiancée en espérant la radoucir.
— Qui sait ce que Dieu nous réserve. Ma mie, je pars en guerre aujourd’hui. Dieu seul sait si je reviendrai.
— Auriez-vous peur ? s’étonna la demoiselle en écarquillant les yeux.
— Je me confesse, je ne peux rien vous cacher. Pas à vous. Je tremble de peur. Je n’ai encore jamais connu de champ de bataille, vous savez. Je crains de ne pas être assez préparé.
— Louis, je n’accepterai pas de votre part si peu de confiance en vous, en l’avenir et en Dieu. Vous êtes le meilleur jouteur à des kilomètres à la ronde, vous ne pouvez tomber lors de votre première bataille. Vous êtes l’héritier de votre père et mon fiancé, vous avez trop de devoirs pour que Dieu n’accepte votre trépas. Je vous en conjure, non je vous l’ordonne : gardez la foi et faîtes preuve de courage. Tout se passera bien, cette guerre n’est qu’une formalité, elle sera très vite terminée. Vous êtes plus nombreux que le sont les hommes du seigneur Georges et vous avez le roi avec vous. Vous n’avez pas à avoir peur.
Louis encaissa le discours de sa belle en silence. Il la trouvait si forte quand il était si couard. À croire qu’elle était un soldat né dans un corps de femme quand lui n’était qu’une faible demoiselle à qui on aurait confié par erreur une épée. Honteux, il baissa les yeux et relâcha la main de Jehanne. Il devait descendre dans la cour, son père devait l’attendre.
— Je dois partir, déclara-t-il simplement en se détournant.
— Louis ! Je ne voulais point vous vexer, mon ami. Je crois en vous, en votre bravoure et votre courage. Revenez-moi vite pour célébrer notre mariage. Je vous en prie.
Jehanne semblait s’être radoucie, retrouvant sa place de femme. Louis osa alors se retourner vers elle et lui baiser les mains.
— Oh Louis, embrassez-moi…
— Voyons, ma douce, la réprimanda Louis en se retenant difficilement de lui obéir.
— Personne n’est là pour nous voir, embrassez-moi avant de partir si loin de moi.
Cette fois, Louis ne put résister. Il prit hâtivement la jeune fille dans ses bras pour lui voler un doux baiser. Mais en entendant du bruit dans l’escalier, il dut se séparer de sa fiancée.
— Je guetterai votre retour…
— Je reviendrai vite.
1710, Château de Versailles
Louise attendait depuis plusieurs minutes déjà que sa dame de compagnie daigne la rejoindre. Elle avait besoin d’elle pour arranger sa toilette. Ce soir était très spécial, elle se devait d’être magnifique. Janelle était vraiment très douée pour les coiffures, bien mieux que sa stupide femme de chambre.
— Janie ! Bonté divine, je n’attends plus que toi !
— J’arrive ! Une petite minute ! lança la voix de son amie de la pièce voisine.
Prenant son mal en patience, Louise s’assit devant sa coiffeuse et attendit. Il ne fallut pas longtemps pour que Janelle apparaisse derrière elle, tout sourire, elle le voyait dans le miroir. La robe qu’elle portait ce soir était d’un goût des plus raffinés, Louise ne pouvait que le reconnaître. Le corset serrait sa taille sans doute à l’en étouffer, mais cela en valait la peine. D’ailleurs, elle en portait un tout à fait similaire et avait pris soin de dissimuler un sachet de sel dans sa manche.
— Dépêche-toi de me coiffer, nous sommes déjà très en retard, s’impatienta Louise.
— Tiens-toi tranquille ou je n’arriverais à rien.
Janelle commença à brosser les longs cheveux blonds de son amie. Ils étaient très abîmés par les produits dont elle usait pour les blondir, mais seraient de toute manière dissimulés sous sa perruque. C’était la dernière mode, elle se devait d’en porter une. Tout l’art de la coiffure résidait en la manière d’arranger la perruque, ce que Janelle faisait particulièrement bien.
— J’imagine que tu cherches encore une fois à attirer l’attention de ton comte… Tu sais bien que je ne l’aime pas, il ne m’inspire pas confiance. J’ai entendu des rumeurs selon lesquelles il est adepte de mœurs très… peu convenables.
— Voyons Janie ! Comment peux-tu accorder crédit à de simples rumeurs. Georges est un homme réellement charmant. Tu t’en rendrais compte si tu daignais t’intéresser un tant soit peu à lui.
— Tu devrais être un peu plus prudente avec cet homme, murmura Janelle.
Tout en assurant la conversation, la jeune fille continuait d’arranger les cheveux de son amie. Après avoir ramassé la chevelure en chignon, elle s’affaira à positionner correctement la perruque avec tant de douceur que Louise ne sentit rien lorsqu’elle commença à enfoncer des épingles.
— Rassure-toi, je compte bien devenir son épouse. C’est un gentilhomme, il est certain qu’il demandera ma main à mon père très prochainement.
— Ton père n’acceptera jamais, il est d’un rang inférieur au tien.
— Tu es trop pessimiste, Janie ! Et si je l’aime ? Mon père ne voudra que mon bonheur ! Je vais finir par croire que tu es jalouse.
— Je m’inquiète simplement pour toi, c’est ce que font les amies.
— Eh bien tu devrais toi aussi te trouver un prétendant. Si tu continues à te désintéresser des hommes et à les repousser, tu finiras dans un couvent, ma pauvre, prévint Louise avec un petit rire.
— Je fais confiance à mon père pour offrir ma main au plus offrant.
— Et l’amour, Janie ? Et l’amour ?
— Ce n’est pas le plus important dans le mariage, tu devrais le savoir, répondit Janelle avec un soupir.
— Moi, je veux le mariage, la richesse et l’amour, déclara Louise.
— Tu es bien exigeante. Arrête de bouger, j’ai presque fini.
— Oui, dépêche-toi.
Janelle termina rapidement la coiffure, essayant de fixer la perruque au maximum pour que le tout ne s’effondre pas au cours de la soirée. Lorsqu’elle eût fini, elle se recula pour observer son œuvre. Enfin, elle accrocha le dernier bijou de tête de son amie, à savoir un petit aigle en or aux yeux en diamant.
— C’est terminé. Lève-toi et marche un peu pour voir.
Ravie, Louise s’exécuta et traversa sa chambre en secouant légèrement la tête. Pas une épingle ne tomba au sol, signe que la coiffure était parfaitement arrangée.
— Merci, Janie. Tu as des doigts de fée.
— Merci.
— Vite, dépêchons-nous de descendre à présent. Georges doit s’impatienter.
— Bien sûr, Louise. Vas-y seule, je dois arranger une dernière fois ma robe, je crois qu’une épingle me pique les hanches.
1942, près de Bordeaux
La nuit était tombée depuis longtemps. Cela faisait près d’une heure qu’ils attendaient à l’orée de la forêt. Ludwika s’était assise dans l’herbe humide, enserrant ses jambes pour se tenir chaud. Elle se balançait doucement d’avant en arrière pour s’empêcher de dormir. À quelques pas de là, Jan guettait le moindre mouvement dans l’obscurité. La jeune fille commençait sérieusement à douter de la sincérité de l’homme qu’ils avaient rencontré la veille. Pourtant ils avaient obtenu son nom par leur tante, déjà passée en zone libre. Peut-être n’auraient-ils pas dû lui donner l’argent tout de suite et attendre au moins d’être en chemin. Elle avait fait confiance à Jan qui, en tant qu’aîné, était censé prendre les bonnes décisions pour eux, mais dès le début, elle avait eu un mauvais pressentiment. Bien sûr, il ne l’avait pas écoutée.
— J’ai froid…
Elle avait murmuré davantage pour elle-même que pour Jan, mais il se tourna vers elle. Elle ne voyait pas ses yeux, seulement l’ombre de son visage. Seul un mince quartier de Lune éclairait la campagne, et les lueurs des réverbères dans le lointain, vers la ville. Il la fixa un moment avant de dénouer son écharpe.
— Tiens.
— Merci.
Ludwika enroula l’écharpe autour de son cou et de sa tête pour protéger ses oreilles et son nez. Elle avait un peu moins froid. La laine portait encore l’odeur discrète de l’eau de Cologne qu’utilisait Jan, elle la respira profondément, essayant d’imaginer ce parfum entêtant qu’elle avait déjà presque oublié.
— Ne t’inquiètes pas, il va arriver. Il a dû avoir un contre-temps, chuchota le jeune homme en s’accroupissant à côté d’elle.
— Je pense surtout qu’il est parti avec l’argent. Ou pire, il nous aura dénoncés. Nous ferions mieux de partir…
— Pour aller où ?
Il y avait une certaine forme de résignation dans cette question. Ludwika baissa les yeux, ne sachant que répondre. Jan avait raison. Ils avaient donné toutes leurs économies au passeur, ils n’avaient plus rien. Jan avait même vendu sa broche dorée en forme d’aigle, celle-là même que Ludwika lui avait offerte pour son dix-septième anniversaire. Leurs faux papiers les avaient sauvés au cours du voyage et pourraient peut-être les protéger encore quelques temps, mais il suffirait d’un policier un peu trop méfiant pour qu’ils soient arrêtés. Deux frère et sœur sans papier, il faudrait être simple d’esprit pour ne pas deviner qu’ils étaient juifs. Elle n’avait même pas pensé à se débarrasser de la petite étoile de David en pendentif que lui avait confié leur mère avant d’être arrêtée. Passer en zone libre, c’était leur seul espoir. Il n’y avait pas d’autre solution, ils devaient y croire. Et attendre encore un peu.
Jan avait passé un bras autour des épaules de sa petite sœur pour rapprocher leurs corps et lui transmettre un peu de sa chaleur. Elle avait toujours été frileuse. Ludwika se laissa enlacer, allant jusqu’à faire reposer sa tête sur l’épaule de son frère. Elle aurait voulu que rien de tout cela n’arrive. Elle voulait retrouver Paris. Avant la guerre et surtout avant l’arrivée des Allemands. Où étaient leurs parents à ce jour ? Elle l’ignorait. En prison certainement. Elle se doutait bien que Jan en savait plus qu’elle, mais elle n’osait pas lui demander quoi que ce soit. Elle avait trop peur de la vérité, préférant s’imaginer qu’ils étaient encore en vie, quelque part. Ils se retrouveraient tous à la fin de la guerre. Car les Allemands allaient bien partir un jour, les Anglais continuaient de se battre. Tout n’était pas encore perdu.
Une lumière dans le lointain. Celle d’une lampe torche. Jan se redressa, aidant sa sœur à se relever. Tous deux scrutaient l’origine de la lumière, quelqu’un approchait. Plusieurs personnes. Cela ne pouvait pas être leur passeur. Et si ce n’était pas lui… alors c’était mauvais. Très mauvais.
— Va-t-en, murmura Jan en poussant sa sœur dans la direction opposée.
— Non, je reste avec toi…
— Va-t-en, je te dis.
Ludwika ne voulait pas s’en aller, elle restait cramponnée au bras de Jan. Soudain la lumière fut sur eux.
— Wer is da ? Halt !
Tétanisés, les deux adolescents s’immobilisèrent. Un Allemand, cela ne faisait aucun doute. Ils étaient même deux, en uniforme. Comment et pourquoi ? Ludwika n’en avait aucune idée. Ils étaient là et pointaient leur arme sur eux, c’était tout ce qui comptait.
— Was tut ihr draussen zu diesel Stunde ? Zeigt mal ihre Ausweise.
Ni l’un ni l’autre ne comprenait ce que disait l’homme, mais ils échangèrent un regard. Jan chercha frénétiquement leurs fausses cartes d’identité dans la poche de sa veste et les tendit au policier. Dans l’obscurité, peut-être ne se rendrait-il compte de rien, espéra Ludwika. L’homme montra les papiers à son collègue avec un sourire.
— Das sind sie. Genau dort, wo der Alte es uns vorbergesagt hat. Die werden festgenommen.
2013, Paris
— Tu as lu le journal ?
— Je ne préfère pas.
— Lewis…
— Écoute, je n’ai vraiment pas envie de lire encore toutes ces horreurs sur nous et de savoir combien de milliers de personnes ont défilé hier.
— Comme tu veux.
John reposa le journal qu’il tendait jusqu’à présent à son conjoint sur la table basse. Il récupéra la télécommande et alluma la télévision. Lewis poussa un petit soupir agacé, certain de ne pouvoir se concentrer sur son livre dans le salon. Il se releva.
— Je vais dans la chambre, informa-t-il.
— Pourquoi ? Tu ne veux pas rester avec moi ?
— Je veux finir mon livre.
— Comme tu veux.
John ne comptait pas le retenir, Lewis en fut vexé quelques secondes, puis passa dans leur chambre. Il s’adossa à un coussin et tenta de reprendre sa lecture. Déjà, il avait perdu sa page. Il passa plusieurs minutes à chercher le passage exact où il s’était arrêté, mais lorsqu’il put enfin reprendre, le cœur n’y était pas. Il pensait à John, à eux deux, aux manif, aux gens qui les regardaient dans la rue, à « un papa, une maman » et toutes ces conneries.
Avant tout ça, il n’avait jamais pensé au mariage et encore moins aux enfants. Il n’avait que vingt-trois ans, c’était encore un peu tôt pour envisager ce genre de choses. De toute manière, il était gay, en couple avec le même homme depuis deux ans déjà, ces questions ne se posaient pas. Pas de mariage, pas d’enfant. Et contrairement à John, il n’était pas au fait de toutes les revendications homosexuelles et des actions des associations. John lui en parlait de temps en temps, mais il ne s’en préoccupait pas outre mesure. En réalité, ça avait le don de l’énerver.
Il n’était pas très à l’aise avec tout ça. Il ne voulait pas être mis en avant, attirer les regards ou être le centre de l’attention. Tout ce qu’il souhaitait, c’était qu’on lui fiche la paix. Toute l’agitation qu’il y avait autour des homosexuels ces derniers temps le mettait particulièrement mal à l’aise. Il avait l’impression d’avoir été plus jugé en un mois qu’en dix ans. Dans les journaux, à la télévision, dans la rue : tout le monde se permettait de donner son avis et de participer au débat. Lewis avait l’impression d’assister au développement d’une homophobie complètement décomplexée. Tout ça pour « le bien de la société » et « l’équilibre des enfants ».
Il n’avait vraiment pas envie de voir ça, d’entendre les arguments à vomir et à pleurer des homophobes invités sur les plateaux télé, d’être pris à parti. John ne le comprenait pas. Déjà que depuis quelques temps, ils étaient distants, alors c’était pire depuis le début du débat « mariage pour tous ». John voulait qu’ils s’engagent tous les deux, qu’ils aillent défiler, signent des pétitions, prennent la parole au nom de tous les couples homosexuels ! Comme si ça allait changer quelque chose. Lewis n’y croyait pas. Il laissait faire son conjoint et évitait le sujet pour ne pas avoir à se disputer avec lui.
Comprenant qu’il ne parviendrait pas à reprendre sa lecture, Lewis retourna dans le salon. John était à moitié allongé dans le canapé. Il y avait cette folle à la télé. Frigide Barjot. Elle portait bien son nom. Lewis l’exécrait, il ne supportait pas d’entendre sa voix. Pourtant il s’avança vers son homme et le poussa un peu.
— Tu me fais une place ?
— Ouais.
John se rassit correctement, totalement indifférent à sa présence. Il était où, le temps où ils ne pouvaient s’asseoir l’un à côté de l’autre sans se prendre dans les bras ? Lewis ne fit pour autant aucune remarque.
— Tu veux vraiment regarder ça ?
— Oui.
— Ça sert à quoi ?
— À prendre pleine mesure de pourquoi il est important de se battre. Et pour démonter ses arguments, il faut les connaître, marmonna John sans daigner lui adresser un regard.
— Ce ne sont pas des arguments… Les gens qui croient à ça, c’est même pas la peine de leur parler. Tu peux rien faire contre la bêtise humaine.
John ne répondit même pas.
— En quoi ça te concerne en plus ? Tu veux te marier ?
Cette fois, ce fut la goutte d’eau. John se releva et commença à lui hurler dessus, couvrant le son de la télévision.
— C’est une question de solidarité putain ! C’est quoi cette mentalité de merde, sérieux ? Je te signale quand même qu’il y a des gens qui défilent pour empêcher des couples gay de se marier et d’avoir des enfants ! Que y a des mecs qui se font tabasser parce qu’ils sont gay ! Dans quel monde tu vis, Lewis ? Tu ne te sens pas concerné peut-être ? Et le jour où ça t’arrivera ? Il faut que des homophobes te pètent la gueule pour que tu te décides à bouger ton cul ?
— C’est pas ça… Tu comprends rien.
— Alors explique-moi !
— Laisse tomber, soupira Lewis en souhaitant couper court à cette conversation qui tournait au vinaigre.
— Putain, mais t’es vraiment trop amorphe, tu me déprimes. C’est à cause de types comme toi que les choses évoluent jamais. Si on demande rien, on a rien dans la vie ! Faut que tu te mettes ça dans le crâne !Je sais vraiment pas ce que je fous avec toi.
— Fous-moi la paix.
Ne supportant pas d’en entendre davantage, Lewis avait pris la fuite et était parti s’enfermer dans la chambre. Il entendit la porte d’entrée claquer au bout de quelques minutes. John était parti.
2149, près de Pluton
Lui n’arrivait pas à dormir. Il avait quitté le dortoir pour s’isoler sur le pont arrière, observant le vide intersidéral. Tout ce noir était apaisant. Le vaisseau était parti depuis seulement deux jours, il n’avait pas encore eu le temps de s’habituer aux vibrations constantes. On faisait des stabilisateurs extrêmement performants, mais visiblement le commandant n’avait pas les moyens de s’offrir la technologie dernier cri. Entre ça et le mal de l’espace, le jeune homme était servi. C’était son premier voyage interstellaire, il devait durer un mois afin de rallier la colonie P4-C. Une fois à destination, ils déposeraient leur cargaison de réacteurs ERA-3000-X et récupéreraient des conteneurs de minerais avant de revenir sur Terre.
Le transport de marchandises, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus excitant, mais Lui n’avait pas eu vraiment le choix pour son premier stage. Il était encore à l’université, il n’avait pas de diplômes à faire valoir et il avait besoin d’un stage pour le valider justement. Il avait pris ce qu’il avait trouvé et surtout là où il avait été accepté. Par chance, ils étaient deux de sa promotion à avoir embarqué sur l’Aigle Millénium. Sa meilleure amie Janys s’était arrangée pour être elle aussi engagée. Elle avait eu un stage bien plus intéressant au sein d’une équipe de chercheurs sur Vénus, mais elle avait préféré l’accompagner jusqu’à P4-C.
Lui avait été surpris par cette décision, d’autant plus qu’il savait que son petit ami avait été lui aussi envoyé sur Vénus. Janys lui avait assuré avoir réellement envie de faire l’expérience d’un si long voyage et de passer les limites du système solaire. Quant à Etan, ils auraient été dans deux stations différentes sur Vénus, alors cela ne changeait pas grand chose. Lui n’avait pas protesté d’avantage, bien heureux d’avoir de la compagnie pour ce long voyage.
Par ailleurs, il espérait stupidement que Janys essayait de lui faire passer un message et que cela signifiait qu’elle préférait sa compagnie à celle d’Etan, voire qu’il était même plus important que lui. Il ne pouvait s’en empêcher, c’était plus fort que lui. Cela faisait des années qu’ils se connaissaient, tout le monde à New Pari les considérait presque comme un couple. Lui ne s’était jamais fait de souci, ce qui devait arriver arriverait, il devait juste être patient. Sauf qu’un jour, Janys avait rencontré Etan. Tout s’était fait très vite. Trop vite selon Lui. Résultat ils vivaient ensemble à la Résidence et projetaient même de se marier.
— Lulu ? Qu’est-ce que tu fais là ?
Une main se posa sur son épaule, c’était Janys. Surpris, Lui fit tourner son fauteuil à suspension magnétique et découvrit son amie dans sa combinaison grise. Toujours aussi belle, pensa-t-il furtivement. Que faisait-elle ici au beau milieu de la nuit ? Contrairement à lui, elle n’était pas sujette au mal de l’espace. Du moins, son malaise passait en quelques heures.
— Je n’arrivais pas à dormir, c’est tout. Et toi ?
— Pareil. Tu me fais une place ?
— Si tu veux.
Le jeune homme se décala un peu de façon à laisser Janys s’asseoir à ses côtés. Elle n’était pas bien grosse, pour ne pas dire maigre, ils tenaient facilement à deux sur ce siège incurvé. Il la prit naturellement dans ses bras et elle se laissa faire. Elle fixait l’espace au travers l’immense baie vitrée, il ne pouvait s’empêcher de la regarder elle. Il avait envie de l’embrasser, mais comme d’habitude, il prit sur lui. Elle était fiancée et ils étaient amis, il n’avait pas le droit de gâcher ça.
— C’est incroyable, non ?
— De quoi ? demanda Lui, interrompu dans sa contemplation.
— L’espace.
— Oh… oui.
— Un jour, on aura notre propre vaisseau et on ira à la découverte de nouvelles planètes à coloniser, déclara Janys d’un air rêveur.
— Tous les deux ?
— Oui, tous les deux. Les commandants Janys et Lui. On sera célèbres dans tout l’Empire Interplanétaire.
— Et Etan ?
Janys ne répondit même pas, laissant Lui dans l’incertitude. Il choisit de ne pas relancer la conversation, préférant resserrer son étreinte autour de son amie.
Date inconnue, quelque part en Vieille Europe
Joan marchait depuis des heures dans la plaine. Ses jambes étaient lourdes, ses pieds brûlants et sa bouche sèche. Le sang avait séché sur son visage, son épaule et ses vêtements. Il avait des tambours dans la tête, mais il ne savait plus s’ils étaient réels ou si ce n’était que le fruit de son imagination. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il devait continuer à avancer. Pour mettre le plus de distance possible entre lui et les autres.
Ils avaient attaqué le village à l’aube. Joan ne se souvenait plus de ce qu’il s’était passé en détails. Il y avait eu des cris, des pleurs, du feu et du sang. Il s’était échappé par miracle, en faisant le mort au milieu des cadavres. Il avait attendu le bon moment pour prendre ses jambes à son cou. Il avait grimpé dans le premier arbre qu’il avait croisé et avait regardé le campement brûler. Il était resté jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres.
Puis il avait commencé à marcher. Sans même savoir où aller. Il n’avait que ses vêtements et sa gourde presque vide. Qu’espérait-il ? Rencontrer d’autres hommes peut-être, un autre clan. Il était encore jeune et fort, il pouvait se rendre utile. Mais il pouvait tout aussi bien tomber sur les autres et se faire égorger ou pire encore. Il pouvait encore être ramassé par des marchands d’esclaves.
Il devait continuer d’avancer. Ne pas se poser de questions. Marcher et vivre. Ou plutôt survivre. C’était ce qu’il faisait depuis sa naissance. Il avait soif, mais il avait déjà vidé sa gourde. Il était passé près d’un étang une heure auparavant, mais l’eau y était légèrement violette. Polluée et radioactive, comme à peu près tout dans la région. La chaman avait fait une grosse erreur en poussant le clan à monter vers le Nord. S’il avait un jour douté de ses dons de voyance, à présent il était fixé.
Il était arrivé à l’orée de la forêt. S’il y avait des arbres, alors il devait y avoir de l’eau. Soudain, Joan entendit une voix. Il s’immobilisa, un femme sortit de derrière un tronc, pointant une lance sur lui. Elle avait l’apparence des hommes du Nord, avec la peau blanche et les yeux clairs. Elle avait des dessins noirs sur la peau et des perles dans les cheveux. Joan la trouva très étrange, il n’avait jamais eu l’occasion de voir une femme de son espèce d’aussi près. Il leva les mains en signe de paix.
— Je ne vous veux pas de mal. Je ne suis pas armé. Je m’appelle Joan. Mon clan a été attaqué, je suis seul. Je cherche de l’eau.
Evidemment, elle ne comprenait pas. Elle se mit à parler dans sa propre langue, visiblement méfiante. Elle continuait de le menacer avec sa lance. Était-elle seule ou faisait-elle partie d’un clan ? Il essaya de faire un pas vers elle pour la rassurer, mais elle le piqua avec son arme.
— N’ayez pas peur. Je viens du Sud, expliqua-t-il en pointant la direction d’où il était arrivé. Mon clan a été attaqué, ajouta-t-il en montrant la plaie qu’il avait à la tête. Tout le monde est mort. Vous comprenez ?
— Morti, répéta la jeune femme sans pour autant baisser son arme.
— Oui, mort.
Cela devait se dire de la même manière dans sa langue. Souhaitant continuer sur cette lancée, il essaya divers synonymes dans l’espoir de trouver un autre mot qui se rapprocherait de ceux qu’elle employait.
— Mon clan. Ma tribu. Ma famille. Mort. Morti.
Elle avait plissé les yeux, elle essayait de comprendre. Elle se mit à parler sans que Joan puisse saisir le sens de ses paroles. Voyant qu’il ne réagissait pas, elle essaya plusieurs mots simples, sans doute comme il l’avait fait.
— Gruppe ?
— Oui ! Mon groupe. Mon groupe est mort. Gruppe morti, essaya-t-il en espérant qu’elle n’allait pas croire qu’il avait tué son clan.
Cette fois, il avait l’impression que le message était passé. L’inconnue hocha la tête et baissa un peu sa lance.
— J’ai été blessé.
Disant cela, il remontra sa blessure à l’épaule et le sang qu’il avait sur ses vêtements. La femme avait définitivement cessé de le menacer et s’était même approchée pour observer la plaie. Elle fit la grimace et ajouta quelque chose dans sa langue.
— Comment vous vous appelez ? demanda-t-il avec une tentative de sourire.
Bien sûr, elle ne répondit pas, n’ayant pas compris sa question. Il posa alors une main sur son torse et répéta son prénom. Cette fois, le visage de la jeune femme s’illumina.
— Me Lova, déclara-t-elle en souriant.
— Mélova ?
Elle rit en secouant négativement la tête. Elle posa sa main sur sa poitrine.
— Lova.
Lova. Il n’avait jamais connu de femme portant ce prénom auparavant. Il hocha la tête en signe de compréhension. Soudain il se crispa de douleur, Lova venait de toucher sa blessure. Il la repoussa brusquement, elle essaya de lui parler. Sa voix était rassurante. Elle lui montra une direction à travers les bois. Sans doute voulait-elle l’amener quelque part. Joan ne savait pas si c’était très prudent, mais de toute manière, il n’avait pas vraiment le choix. Il ne pouvait pas rester seul, il n’était même pas armé. Lova avait ramassé sa lance et le prit par la main. Il la suivit sans rien dire, espérant que son clan – car elle devait bien en avoir un – ne serait pas hostile envers lui.
« Une symphonie à reprendre au début à la moindre fausse note. »
336, un village en France
Une fois assuré que Marie-Jeanne était bien partie, Père Loïc osa sortir du confessionnal. L’église était silencieuse, il n’y avait qu’une dizaine de personnes installées sur les bancs pour prier. Heureusement, aucun d’entre eux n’avait entendu la conversation qu’il avait eue avec la jeune fille. Ou plutôt sa confession.
Il avait toujours trouvé Marie-Jeanne particulièrement jolie. Elle devait avoir quinze ans lorsqu’il l’avait rencontrée. C’était la première église dont il avait la charge, il venait tout juste d’être consacré prêtre à l’époque. C’était quatre ans auparavant. Déjà. Il avait l’impression que c’était hier. Elle avait grandi et… était devenue vraiment très belle. Beaucoup trop belle.
Cela faisait quelques temps déjà qu’il trouvait que leur relation prenait une tournure inattendue. Elle avait commencé à venir tous les jours à l’église, ils s’étaient rapprochés. De manière tout à fait convenable, bien sûr ! Ils parlaient des Saintes Ecritures et du Seigneur, il lui donnait des conseils pour mener sa vie de la meilleure façon qui soit. En somme, tout était parfaitement normal.
Et puis, une chose en entraînant une autre, Loïc avait commencé à apprécier la jeune fille. Bien plus que les autres fidèles et d’une façon que l’Eglise jugerait déplorable. Elle avait eu quelques gestes déplacés. Et lui aussi, le Seigneur lui pardonne. Il avait essayé de freiner les choses, mais c’était trop tard. La preuve en était, elle venait de lui déclarer sa flamme.
Qu’allait-il faire à présent ? L’éviter, sans aucun doute. Il ne voyait pas d’autres solutions. Surtout, il ne devait plus se retrouver seul avec elle. Il s’était donné corps et âme à Dieu, il n’avait rien à faire avec une femme pécheresse. Il devait se reprendre, et au plus vite.
1048, un château près de Châtres
Jehanne ne pouvait s’arrêter de pleurer. Elle n’avait pas quitté ses quartiers depuis trois jours et refusait toujours de manger. Sa mère était venue ce matin-là pour lui annoncer qu’ils rentreraient chez eux le surlendemain et qu’elle devait préparer ses bagages. Le mariage n’aurait pas lieu, ils n’avaient plus rien à faire dans ce château. Cela faisait plusieurs semaines déjà que son père évoquait leur départ, mais elle était toujours parvenue à le convaincre de rester encore quelques jours de plus. Elle devait attendre le retour de Louis.
Il ne rentrerait jamais à présent. C’était terminé. Au début, Jehanne avait refusé d’y croire, persuadée qu’il devait y avoir une erreur. Il ne pouvait pas être tombé, pas lui. Il devait rentrer pour l’épouser, il le lui avait promis. Mais elle avait dû se rendre à l’évidence, le mariage n’aurait jamais lieu et jamais elle ne serait sa femme. Ils n’étaient même plus fiancés.
Qu’allait-elle devenir sans lui ? Son père la marierait certainement à un autre seigneur de haute naissance. À moins qu’elle ne demande à entrer au couvent. La jeune fille était complètement perdue, bouleversée par la perte de son bien aimé. Elle le voyait encore dans ses rêves. Son Louis, ses cheveux d’or, sa courtoisie et ses doutes. Il la regardait d’un air triste, elle essayait de le rejoindre, mais dès qu’elle faisait un pas en avant, il reculait irrémédiablement de deux pas. S’éloignant de plus en plus d’elle jusqu’à ce qu’elle le perde de vue.
C’était terminé. Son bel amour, plus jamais elle ne le verrait. Plus jamais il ne la serrerait dans ses bras forts pour l’embrasser tendrement. Plus jamais elle n’entendrait son rire et le doux son de sa voix. Elle avait tellement mal. La vie était injuste. Ils n’avaient même pas eu le temps de se marier, de s’aimer, d’avoir des enfants. Elle aurait tant voulu lui donner un enfant pour lui prouver son amour.
Essuyant ses larmes, Jehanne retira sa bague de fiançailles pour l’observer en détails. Elle était en or et représentait un aigle dont les yeux étaient fait de deux pierres précieuses. Des saphirs. Bleu comme tes yeux, avait-il dit en la lui glissant au doigt. Prise d’un accès de rage, elle la jeta de toutes ses forces par la fenêtre. Elle ne l’entendit pas tomber et la perdit de vue en quelques secondes. Immédiatement prise de remords, elle fondit à nouveau en larmes sur sa couche.
Qu’allait-elle devenir ?
1710, Château de Versailles
— Georges, s’il vous plaît…
— Voyons ma belle, ne fais pas ta mijaurée.
— Mais, je ne suis pas sûre que…
— Détends-toi, grogna l’homme en remontant ses mains sous sa robe.
Louise regrettait sérieusement de ne pas avoir écouté son amie Janelle. Georges lui promettait de demander sa main à son père, mais… il était vraiment trop impatient. La preuve, elle se retrouvait allongée dans l’herbe, écrasée par son poids. Que pouvait-elle faire ? Elle n’allait quand même pas crier au secours. Après tout, elle était là parce qu’elle l’avait bien voulu, n’est-ce pas ?
— Toi ! Laisse-la tranquille ! lança une voix bien connue.
Janelle ? Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Louise ne comprenait pas ce qu’il se passait, tout allait trop vite.
— Tu as entendu ? Tu laisses la demoiselle, ajouta une voix masculine.
— Mêlez-vous de ce qui vous regarde, cracha Georges en se retournant, lui laissant quelques instants pour s’arracher à son étreinte.
— Tu n’as pas bien compris ce qu’on voulait dire.
Un homme qu’elle ne connaissait pas s’était jeté sur Georges. Pendant ce temps, Louise se dépêcha de se relever pour rejoindre Janelle. Elles n’attendirent pas davantage pour s’enfuir. La coiffure de Louise était complètement ruinée, mais c’était vraiment le cadet de ses soucis.
— Henri va s’occuper de ton Georges.
— Mais il ne faut pas que…
— Ne t’inquiètes pas, il ne va pas trop l’amocher. Juste le dissuader de s’en reprendre à toi.
— D’accord, mais…
— Un merci suffira.
— Merci Janie.
1942, dans un train en Allemagne
— Jan ? Tu dors ?
Question stupide. Comment pourrait-il dormir ? Elle n’avait pas fermé l’œil depuis qu’ils avaient été mis dans ce train. Ce train à marchandises où ils avaient été entassés par dizaines. Ils ne pouvaient que rester debout, ou s’accroupir de temps en temps. Mais il y avait le risque de ne jamais pouvoir se relever. On manquait d’oxygène en bas. On manquait d’oxygène tout court. Ils étaient plongés dans la pénombre depuis deux jours. Le train s’était arrêté régulièrement, mais jamais la porte ne s’était ouverte. Ils n’étaient toujours pas arrivés. Ludwika priait de toutes ses forces pour que ce voyage infernal prenne fin.
Mais Jan ne répondait pas. La jeune fille le chercha à tâtons. Il était debout, coincé entre elle et les autres personnes autour d’eux. Sa tête reposait lourdement sur son épaule. Elle touchait son visage, son nez, sa bouche. C’était bien lui. Il semblait dormir. Il avait de la chance… En dormant, le temps devait passer plus vite. Il n’avait plus à supporter la chaleur étouffante, ni l’odeur d’urine, ni les pleurs, les toux, les gémissements.
C’était quand même étrange, son corps était très lourd contre le sien. Quelque chose n’allait pas. Ludwika posa sa main sur le nez de son frère. Aucun souffle. Il ne respirait pas. Frénétiquement, elle chercha son pouls. Rien. La jeune fille retint un hurlement, poussant brusquement le corps inanimé du côté opposé. Il s’effondra sur le sol.
— Fais attention, gamine, la prévint un homme juste à côté d’elle. Et ne pousse pas les gens comme ça !
— C’est… Il est mort !
Personne ne lui répondit. Un silence de plomb s’abattit sur le wagon. Ludwika n’arrivait pas à y croire. Jan ne pouvait pas être mort. Pas comme ça ! Qu’était-il arrivé ? C’était totalement incompréhensible. Cela ne pouvait pas se passer de cette manière. On ne mourait pas comme ça, dans un train en route pour… pour où d’ailleurs ? Elle ne le savait même pas.
— Ça va ? lui demanda une inconnue.
— Je… mon frère…
— C’est ton frère qui est mort ? Je suis désolée. Dis-toi qu’au moins, il ne souffre plus.
Ludwika ne répondit pas, retenant difficilement ses larmes. Elle ignorait où elle allait, ce qu’elle allait devenir. Sans Jan pour la protéger, jamais elle ne parviendrait à s’en sortir, cela ne faisait aucun doute. Elle ne pouvait rien faire. Seulement attendre. Encore attendre. Et pleurer.
2013, Paris
— Je crois qu’il vaut mieux qu’on en reste là.
— D’accord, déclara simplement Lewis.
— Tu comptes pas te battre plus que ça ? Tu ne vas même pas essayer de me retenir ? De parler ? Je te dis que c’est fini et tu t’en fous ? l’agressa immédiatement John.
— Disons que ça fait un moment que je me suis fait une raison.
— Voilà une des raisons pour laquelle je ne te supporte plus. Tu es trop pessimiste, tu devrais peut-être songer à consulter.
— Ouais.
— Putain mais… Bon, je m’en vais. Tu as dû remarquer que j’ai fait déménager mes affaires pendant que t’étais au taff. C’était ton appart à la base, j’avais pas grand chose à moi. On a acheté le lave-vaisselle à deux, disons qu’il est bien là où il est.
— D’accord.
— Tu comptes pas me parler avant que je parte ?
— Non.
— Même pas me regarder ?
— Non plus.
— Très bien. Bonne continuation alors.
Lewis se força à ne pas se retourner en entendant John sortit de l’appartement avec ses sacs. Il laissa échapper un soupir de soulagement en entendant la porte se refermer. Enfin, il se leva de sa chaise et parcourut les lieux du regard. Les clés de John étaient posées sur le plan de travail, son ordinateur avait disparu, tout comme ses vêtements qu’il avait tendance à semer dans tout l’appartement. Il passa à la salle de bains pour s’assurer que sa brosse à dents avait bien disparu. Non, il l’avait oubliée. Lewis se dépêcha de la jeter à la poubelle.
C’est alors qu’il remarqua la bague de John, posée sur le rebord du lavabo. Là par contre, l’oubli était volontaire, cela ne faisait aucun doute. Il portait cette bague en pervenche. Elle était en toc, avec un aigle qui ouvrait les ailes sur le dessus, mais elle était symbolique. Il la lui avait offerte pour le premier mois, c’était un cadeau complètement stupide. Mais John l’avait portée tous les jours jusqu’à aujourd’hui. Il ne l’avait même pas emportée avec lui.
Lewis sentait les larmes lui picoter les yeux, alors qu’il s’était promis de ne pas pleurer. Deux ans de bonheur, tout ça réduit à néant en quelques mois. Il ne se rappelait même plus à partir de quel moment tout avait foutu le camp. C’était… compliqué. Le résultat était là, c’était la seule chose qui comptait.
Retenant difficilement ses sanglots, le jeune homme récupéra la bague de John. À la poubelle, elle aussi. Il allait devoir passer à autre chose. Même s’il avait l’impression qu’il ne pourrait jamais aimer quelqu’un autant qu’il avait aimé John. Sa mère disait toujours que si deux personnes étaient réellement destinées à être ensemble, alors elles finissaient par se retrouver, mais il ne devait pas s’accrocher à cette idée. Du moins, pas éternellement. Sinon il allait devenir fou.
2149, orbite d’Alba
— Il faut réparer les réacteurs ! Janys ! Descends en salle des machines ! Pendant ce temps, déviez toute la puissance vers les boucliers. Il faut tenir ! Filez droit derrière la Lune d’Alba, cela nous fera gagner du temps.
— Bien commandant ! J’y vais tout de suite. Lui ? Avec moi !
Répondant immédiatement aux ordres de leur commandant, Janys se précipita dans le couloir en entraînant Lui avec elle. Ils couraient en direction de la salle des machines à l’arrière. Malgré les boucliers, ils sentaient chaque tremblement causé par les tirs des pirates, manquant plusieurs fois de perdre l’équilibre. Le plus difficile fut de descendre l’échelle pour accéder au cœur du vaisseau. Dans leurs oreillettes, ils continuaient d’entendre les cris des autres, ce qui était des plus stressants.
Il faisait incroyablement sombre dans la salle des machines, les lumières avaient été réduites au minimum afin d’économiser de la puissance. Prenant les choses en main, Janys commença à donner des ordres à son ami pour qu’il s’occupe des réacteurs directionnels pendant qu’elle réparait le propulseur principal. Lui s’exécuta sans attendre, mais elle voyait ses mains trembler. Elle même avait le cœur battant à toute vitesse et les mains moites.
— Je t’avais dit que ce serait follement excitant ! lança-t-elle pour détendre l’atmosphère. Des pirates, c’est dingue ! Je n’aurais pas connu ça sur Vénus !
— Arrête de dire des conneries et occupe-toi du propulseur ou on va se faire pulvériser.
— Rho, détends-toi un peu ! Je peux travailler en parl… Et merde !
Une gerbe d’étincelles venait de jaillir du tableau de commandes, lui brûlant le bout des doigts.
— Putain fais gaffe. Ça va ?
— C’est rien. Et ne t’inquiète pas, on ne va pas se faire pulvériser. Ils veulent la marchandise, ils ont aucun intérêt à nous détruire.
— Sauf que le commandant Hert préférera déclencher l’autodestruction plutôt que de laisser la marchandise aux mains des pirates.
— Tu es d’un pessimisme.
— La ferme et bosse, grogna Lui.
L’alarme venait de se déclencher. Ils entendaient dans leur oreillette que les boucliers n’étaient plus qu’à 40%. On leur envoyait des renforts. 30%. Janys commença à paniquer, elle n’arrivait plus à différencier les câbles les uns des autres. Elle mit en contact deux fils dans sa précipitation, terminant de court-circuiter les commandes.
— Merde ! Merde ! Merde !
— Qu’est-ce que tu as fait ? Pousse-toi !
— Plus que 20% ! hurla le commandant dans l’oreillette.
L’ingénieur de bord les avait finalement rejoint, il reprit le contrôle des opérations, tentant de sauver les derniers réacteurs. Il y eut une nouvelle secousse, bien plus violente que les autres. La tête de Janys heurta le coin du tableau de commandes.
— JANYS !
— 10%, on a plus de puissance !
Lui entendait des cris incompréhensibles dans l’oreillette. Il serra le corps évanoui de la jeune femme contre lui.
Date inconnue, quelque part en Vieille Europe
Cela faisait plusieurs mois que Joan avait intégré le clan de Lova. Ces hommes avaient été très méfiants à son arrivée, mais il avait vite démontré qu’il pouvait être utile, en particulier à la chasse. Il avait appris leur langue qui, au final, avait beaucoup de similitudes avec la sienne, Lova lui fut d’un grand secours. Ils en avaient profité pour se rapprocher, ce qui avait été vu d’un très mauvais œil par le chef du clan, le père de la jeune femme. Mais à force d’acharnement, Joan était parvenu à gagner son respect et son autorisation pour fréquenter sa fille. À présent, il était parfaitement intégré au reste du groupe. Il avait apporté le savoir de son ancien clan, notamment en matière de plantes médicinales et de détection des eaux polluées.
Assis sur une grosse branche en haut d’un arbre, Joan observait l’immense étendue d’herbe sèche au-delà de la forêt. C’était le début de la saison chaude, même si elle n’était jamais aussi rude que ce qu’il avait connu dans le sud. A contrario, il faisait extrêmement froid pendant la saison humide, à tel point que la neige recouvrait la plaine durant plusieurs mois, les forçant à abandonner la forêt pour descendre vers le sud.
— Joan ? Tu es là-haut ? lança une voix en contrebas.
— Oui, monte !
Il regarda Lova grimper dans l’arbre, s’accrochant aux branches jusqu’à arriver jusqu’à lui. Il se décala sur la branche pour laisser de la place à la jeune femme. Elle s’assit à ses côtés, il passa un bras autour de sa taille et lui sourit.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle
— Rien, je pensais.
— À quoi ?
— A la chance que j’ai eue en te rencontrant, déclara Joan en lui volant un baiser.
— Tu es gentil.
— C’est vrai. J’aurais dû mourir avec mon clan ce jour-là.
— Ce n’était pas l’heure, assura Lova d’un air énigmatique.
— Tu crois que c’était mon destin de venir ici ? D’être avec toi ?
— Peut-être, mais c’est toi qui parle toujours de ça.
— Oui, ma chaman parlait tout le temps de ça. De destinée. Elle disait que chaque homme a toujours un destin à accomplir sur Terre. Et s’il ne parvient pas au bout de son entreprise, il est contraint de revenir à la vie. Indéfiniment jusqu’à arriver à mener sa vie comme elle était écrite depuis la nuit des temps.
— Personne ne croit pas à ces histoires ici, rit Lova pour le taquiner.
— Je sais, mais les membres de mon clan y croyaient.
— Et toi ? Tu y crois toujours ?
— Je ne sais pas.
Il mentait. Bien évidemment, il continuait de croire. Il avait été très étonné de voir que les croyances du clan de Lova restaient très simplistes. Ils croyaient en une seule entité supérieure qui les guidait au cours de leur vie, les aidait lorsqu’ils le priaient et leur promettait une vie de délices après la mort. Cela n’avait absolument rien à voir avec les dizaines de divinités et de mythes qu’il connaissait. Il avait appris à taire ses croyances pour ne pas s’attirer la colère du chef.
Lova avait posé sa tête sur son épaule. Il s’appuya contre le tronc de l’arbre pour assurer son équilibre et la laissa se lover contre lui. Bientôt, il la demanderait pour femme officielle et ils pourraient avoir des enfants. Des enfants à la peau mate et aux yeux clairs. Tout irait bien. Tant qu’ils étaient ensemble.
— Regarde, un aigle !
« Jusqu’à enfin trouver le point d’orgue. »
7 comments
J’explore le blog depuis quelque temps déjà et je me décide enfin à poster un commentaire. Parce que vraiment cette nouvelle est…prenante. Je me suis mise à la lire un peu au hasard en flânant sur le blog et, comme j’adore toutes les histoires de SF, de fantastique de réincarnation comme dans « les ailes d’Alexannes », j’ai voulu découvrir la votre. Je n’ai pas été déçue ! Votre plume est sublime et on est vraiment immergé dans chacune des époques des deux protagonistes. J’ai bien aimé le rappel avec Georges entre le Moyen-Âge et l’Ancien Régime qui fait qu’on sait déjà que ce Georges ne va pas être quelqu’un de bien.
Et la fin est un véritable délice ! Déjà, ça finit bien. Le point final qui parachève toutes ces histoires et où l’on se dit enfin « la boucle est bouclée » avec le puissant symbole de l’aigle (j’ai aussi adoré le retour final de la citation).
Bref, je sais pas si vous verrez ce message, mais continuez ainsi ! C’est génialissime.
Le concept de cette nouvelle est bien chouette je trouve ! J’ai toujours trouvé ça impressionnant les personnes qui arrivent à écrire sur d’autres époques et je trouve que tu adaptes très bien ton écriture. J’étais contente d’avoir des précisions dans un des commentaires précédents sur la signification des bijoux avec l’aigle dessus. J’ai beaucoup aimé l’histoire de 2013 ! Et celle avec le prêtre aussi, je l’ai trouvé touchant ! Je suis bien contente de m’être lancée dans la lecture de tes écrits. Je t’encourage vivement à continuer ! :)
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Youplaboom Ma valentine !!!
Bon avec moins de célérité que toi, voilà venu mon tour de te faire ma déclaration d’amour.
J’aime bien l’idée de réincarnation, en fait à la fin de la lecture j’ai presque eu l’impression que toutes ces histoires se déroulaient en même temps, ce qui est aussi une dimension sympathique. J’ai beaucoup aimé les ambiances que tu as crées pour l’histoire futuriste, et pour l’histoire finale avec les hommes revenus à l’état de tribus préhistoriques. Gros coup de coeur pour ces deux là donc.
En revanche, j’ai plus de mal à acheter les segments « historiques » de l’histoire. Par exemple, l’histoire qui se passe en 336 ne me semble pas coller du tout avec l’ambiance de l’époque… Déjà, parce que la religion à cette époque est un joyeux bordel qui se cherche, très différent de la vision d’aujourd’hui, et que le célibat pour les prêtres n’était pas un truc qui était interdit; que l’église comme tu la décrit respire une église « posée », avec lieu de culte etc. alors que, si mes souvenirs sont bon la généralisation des constructions de monastères/églises et tout le tintouin s’est faite au 5ème siècle… Au 4ème, tout le monde se tapait encore dessus entre celtes, chrétiens et romains – et autres croyances locales et païennes- pour savoir qui aurait le dernier mot. Du coup ce genre d’histoire je l’aurais plus comprise située dans le Bas Moyen Âge (voire carrément dans les années 50) plutôt que dans l’Antiquité – oui parce que 336, c’est pas encore le Moyen Âge il paraît, mais bon je préfère laisser les historiens se taper dessus pour en décider).
Pour le segment d’histoire suivant, c’est le coup de « à des kilomètres à la ronde » qui m’a choquée, parce que le système métrique avec kilomètres n’existait certainement pas à cette époque… Après, le point de vue du chevalier qui a peur par opposition aux Lancelots, Percevals et consorts, c’était joli, même si ça a déjà été fait. Pour le coup, cette histoire là colle, je trouve, bien mieux à son époque, parce que ça montre des gens du Bas Moyen Âge qui se dépêtrent avec les codes de la chevalerie romanesque héritées du Haut Moyen Âge et se rendent compte que la vie réelle, c’est pas la même soupe !
Et pour l’histoire du 18ème siècle, c’est encore le même problème que j’ai eu avec l’histoire du 4ème -et parfois, mais tout de même moins, l’histoire du 11ème- : je n’ai pas l’impression de voir des aristocrates du 18ème, j’ai l’impression de voir des personnages modernes -presque des ados- catapultés dans le passé, qui ne s’en seraient pas rendus compte et continueraient à vivre et agir comme ils l’auraient fait à leur époque.
Je suis peut-être tatillonne, mais il me semblait important de te dire tout ça…
Pour le reste, l’histoire des fugitif juif était bien écrite et triste mais sans grande surprise; je trouvais que l’histoire de 2013, très chouette et très réaliste, était un peu à part de l’ensemble parce qu’elle a une résonance politique percutante que n’ont pas les autres, et enfin, les deux histoires finales, rien à re dire, elles sont top ! D’ailleurs, vu la longueur respective de chaque segment, il me semblait que t’étais plus à l’aise avec présent et futur qu’avec passé, non ?
Après c’était sympa de varier les relations entre les réincarnations, j’ai trouvé ça une chouette idée ^^
Bref, voilà donc ma review de valentine ! J’espère que tu ne m’en voudras pas pour mon tatillonage historique, mais ayant un peu étudié ses époques pour diverses raisons et à divers moments et donc les connaître un peu, ça me sautait vraiment trop aux yeux…
Je te souhaite une très bonne saint valentin avec du retard, mais dans les temps quand même !!
Au plaisir !
Hey ! Merci pour le commentaire déjà ^^
Alors je suis tout à fait d’accord avec tes critiques ! je ne suis clairement pas une historienne, je tenais à faire quelque chose de ce genre, mais le contemporain et la SF c’est carrément plus mon délire ! Après je me suis dépatouillée comme j’ai pu.
J’avais même pas pensé à la date de mise en place du célibat des prêtres ^^’ En fait j’avais une vision très Kaamelott de la situation.
Pour la partie au XIe, j’avais une vision très précise du truc, j’avais fait un exposé sur l’amour courtois et c’était ce que je voulais mettre en scène.
Pour Versailles… hum j’ai bossé là bas alors je voulais le mettre xD Mais j’avoue un peu moins voir ce que tu me reproches, je voulais mettre en scène deux jouvencelles qui ne connaissent rien à la vie (elles doivent avoir quoi 13/14 ans) , qui cherchent un mari, qui auraient pu être un couple si elles n’avaient pas été dans cette époque et qui n’ont rien d’autre à faire que de penser à leur toilette. Et du coup c’était aussi pour traiter la condition de la femme. Mais c’est peut-être mal fait, je peux le reconnaître ^^’
Bref voilà ce que j’ai à dire pour ma défense ! c’est gentil de me l’avoir fait remarqué, comme ça j’en garde une trace et si je la reprends, je ferais plus attention ^^
Merci !
Te souhaiter une Joyeuse St Valentin, je sais pas trop si c’est approprié puisque que j’ai un léger retard :P Mais bon allez, je le dis quand même parce que ce n’est pas qu’une date, c’est surtout l’intention qui compte, la distribution d’amûr n’a pas de limite dans le temps xD
Dooooonc, JOYEUSE ST VALENTIN(E) à toi ma Valentine bonus :3
Bon je te préviens, moi et les reviews ça fait mille milliards de mille sabords (ça veut rien dire mais je m’en fiche ! Spéciale dédicace à mon pote le capitaine Hadock ! :P) Donc si mes propos partent en cacahuètes et que ça devient du grand n’importe quoi aussi parlant qu’un cupcake à la banane…faut pas m’en vouloir. Mon cerveau n’est qu’une passoire en plastoque de Vladivostok (c’était juste pour la rime…très nul je te l’accorde xD) Bref, passons à la review si vous le voulez bien chère Valentine :D
C’est toujours un peu délicat de lire un texte qu’on n’aurait pas forcément choisie de lire, alors il y a toujours l’appréhension de devoir dire un truc négatif… Mais pour le coup je suis vraiment contente de cette lecture. La longueur ne m’a gênée à AUCUN moment et tu sais pourquoi ? Parce que je me suis laissée emporter par toutes ces réincarnations, ces personnages riches et crédibles, ces aventures dures et merveilleuses. La surprise est partout et j’ai vécu un super moment de lecture. Alors je n’ai pas lu le livre « La cartographie des nuages », mais j’ai vu le film. Bon j’avoue que mon cerveau de débilos n’a sûrement pas saisie tous les niveaux de lectures et du coup je soupçonne mes neurones d’avoir eu la même faiblesse sur ta nouvelle… Mais pour ma première lecture je note une imagination et un respect des époques impressionnants. A aucun moment on ne se sent perdu, tu arrives avec une aisance déconcertante à nous tenir en haleine sur les différentes histoires qui tourne autour de la réincarnation des personnages principaux. C’est-à-dire Marie-Jeanne et Loïc si ma mémoire est bonne ^^
Je vais pas te faire un commentaire détaillé (de toute façon ce n’est pas le but et puis je suis trop une quiche pour ça !!!), mais vraiment la simplicité de tes mots permet de se plonger sans difficulté dans le récit. On n’est pas dans l’envolée lyrique et en même temps il y a une recherche du mot juste qui sert la narration de manière très efficace. En plus des situations et actions qui viennent appuyer l’empathie pour les différents protagonistes.
Les discours sont maîtrisés, en tout cas de mon humble point de vue. Ils apportent une réelle perspective sur les personnages, leur personnalité et leur façon de penser. Je pense notamment au couple que forment Lewis et John. C’est mon histoire préférée d’ailleurs, d’une part parce que cette histoire est ancrée dans le monde d’aujourd’hui et que toutes les problématiques qui sont soulevées me parlent. Et les lecteurs peuvent se reconnaître dans l’un ou l’autre de ces deux personnages (qu’ils soient hétéro ou homo ou bi… au fond on est tous des humain mince quoi ^^). Ils sont tellement vivant chacun à leur manière, l’un dans la révolte et l’action, le second dans la passivité tranquille et la résignation. Vraiment, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire sur ce couple. La fin de leur histoire m’a tellement émue que j’ai failli lâcher une larmichette (bon je suis une dure à cuire alors je ne suis pas allée jusqu’à pleurer, mais mince quoi… t’as réussi à m’émouvoir à un point, j’aurais pas cru o_O)
Bon le thème de la réincarnation, avec cette super conclusion à la fin, c’est juste énorme. On sent que tu maitrises ton sujet. Personnellement, la croyance en la réincarnation fait partie de ma vie et je pense que nos erreurs, nos déviations, nos désirs aussi, ont des répercussions sur nos prochaines vies, alors ton texte me parle énormément. Au-delà de la réincarnation, tu mets en avant des thèmes très intéressant. J’aime beaucoup les époques mis en avant qui reflètent la noirceur du cœur humain. Bon sauf peut-être pour la première histoire. Finalement, ils s’évitent alors ? C’est trop triste pour mon petit cœur d’artichaut. Mais ils se retrouvent à la fin ! C’est un super message d’espoir. C’est meiux les histoires qui finissent bien, même si il faut autant de temps pour que ce soit le cas xD Brefouille, les époques comme je l’ai déjà souligné sont vraiment bien dépeintes, avec la question de l’importance de l’Eglise, les guerres médiévales et la sensibilité du chevalier qui a peur d’aller au combat (la description était juste trop prenante, la force de Jeanne face à son fiancé désemparé… j’ai envie de dire WAOUH ! Pas très constructif comme remarque, mais je n’ai pas d’autre mot ! ^^), la Seconde Guerre Mondiale et l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus cruelle (d’ailleurs, j’étais choqué à la mort de Jan T_T tu décrit cela avec tellement de détachement…c’était vraiment efficace, cette résignation des autres…). Et la dernière histoire qui met en avant les problèmes environnementaux d’une civilisation future qui revient en partie à l’état sauvage. (tient comme dans le film ^^). Le symbole de l’aigle et de la couleur bleu reste en fil rouge tout le long des différentes histoires. Je ne vois pas la symbolique à laquelle ça renvoi, mais je suis certaine que ça doit avoir un sens au-delà de faire le lein entre ces deux âmes qui se cherchent au travers des âges.
Je t’avoue que je suis très friande de ce genre de lecture, alors c’est une très bonne découverte pour moi ^^ Je vais sûrement aller fouiller dans tes autres œuvres pour pouvoir me régaler un peu plus de ton talent. Si tu as des suggestions je suis prêtes à les recueillir ;)
Oh et désolée pour cette avis complètement décousue, illogique, désordonné…enfin tous les synonymes que tu veux. xD Le principal est de savoir que j’ai vraiment apprécié et que c’est une chance que cupidon ait décoché sa flèche bonus sur toi ^^
Continue à écrire et à offrir autant de plaisir et de profondeur aux lecteurs, parce que vraiment je trouve que tu as une plume vraiment belle ! :))
Bonne continuation.
Lilimordefaim (la Valentine qui décochait les flèches de son carquois magique plus vite que son ombre xD)
Tout d’abord merci pour ce très long commentaire ! ça fait plaisir et je suis contente que tu aies aimé ^^ Je ne sais pas trop quoi te répondre, disons que j’ai fait au mieux pour que ça soit réaliste et pas trop chiant. Mon histoire préférée c’est celle en 2013 et puis aussi celle avec les deux amis sur le vaisseau spatial ^^ Pour la symbolique, en fait j’ai pris un aigle un peu au hasard et le fait qu’il soit figé sous forme de bijou où autre veut dire qu’ils sont « coincé », le moment où ils voient l’aigle vivant, ça veut dire qu’ils sont libres, libéré du cycle de réincarnation car ils se sont enfin trouvé sans que le hasard ne fasse merder leur destiner. Donc bref voilà merci <3