Bonjour, bonsoir,
Comme promis à la fin de mon article sur le Salon du Livre 2014 et ma rencontre avec Erik L’Homme, je vous présente une très jeune maison d’édition menée par une jeune femme dynamique, impatiente de voir son rêve se réaliser et désireuse de développer sa petite entreprise à savoir : les éditions Flammèche.
Flammèche est une petite maison d’édition créée en juin 2013 par Marianne Meynard. Le but des éditions Flammèche est de faire « faire découvrir l’univers de jeunes auteurs à des tarifs abordables« . Je ne peux que remarquer que, comme chez House Made Of Dawn, le prix des livres est une question centrale… En tout cas, les éditions Flammèche propose un choix assez conséquent au niveau des genres, tous liés au monde de l’Imaginaire : fantasy, urban fantasy, fantastique, mythologie, dystopie, steampunk… Il y a pour l’heure cinq collections qui ne demandent sans doute qu’à être remplie de livres !
A l’heure actuelle, encore peu d’ouvrages ont été publiés, mais cette jeune maison d’édition ne demande qu’à se développer et toutes les conditions semblent réunies pour qu’à l’avenir, elle prenne sa place au milieu des éditeurs de l’Imaginaire. Sachez d’ailleurs (cette information intéressera les auteurs) que les éditions Flammèche proposent des contrats à compte d’éditeur (= l’auteur n’a aucun frais à avancer pour la publication de son livre) contrairement à bon nombre de maisons d’éditions sur la toile (on dit toujours que le compte d’auteur est à fuir à tout prix !). Flammèche édite avant tout des livres sous format papier, mais également en numérique.
Marianne Meynard, directrice des éditions Flammèche a été très assez aimable pour m’accorder une petite interview qui, j’espère, vous intéressera autant que moi. Je lui ai posé quelques questions sur son travail d’éditrice, sa maison d’édition et ses projets.
Interview de Marianne des éditions Flammèche
Les éditions Flammèche ont moins d’un an, vous avez monté cette petite entreprise en juin 2013, qu’est-ce qui vous a poussé à faire cette démarche ? Était-ce une idée que vous aviez depuis longtemps ? Et si oui, pourquoi vous être lancée l’année dernière ?
L’idée remonte à ma Terminale, bien qu’à l’époque ce soit un rêve un peu fou, juste comme ça. Quelques années plus tard en BTS, on en plaisantait avec les copines, en se disant « Tiens, Machine s’occupe des maquettes, on met Bidule à la prépa-copie, moi je fais la fab’… A nous toutes, on ferait une bonne équipe ! »
Finalement, après un an à essayer sans succès de trouver un emploi dans l’édition, j’ai décidé de me lancer à mon compte avec les moyens du bord.
Concrètement, comment avez-vous monté votre entreprise ? Est-ce que cela a été le parcours du combattant ou est-ce que vous aviez déjà une expérience personnelle dans le monde de l’édition qui vous a bien aidé ? Ou peut-être un ami/une connaissance qui vous aurait aidé ?
Le travail d’éditeur est très différent de celui de « chef d’entreprise ».
Les démarches administratives en elles-mêmes ont été assez simples. J’ai profité de ma période de chômage pour solliciter un atelier d’aide à la création d’entreprise de Pôle emploi, et ainsi préparer au mieux mon projet. Cela m’a notamment permis d’arrêter le choix du statut sur l’auto-entreprise.
Ce statut n’est clairement pas adapté pour de l’édition sur le long terme, mais je préfère commencer petit et me donner la possibilité d’évoluer ensuite, plutôt que de voir grand dès le départ et me retrouver le bec dans l’eau. Beaucoup trop de maisons, spécialisées ou non dans l’Imaginaire, ont fermées ces derniers temps. Mais d’autres aussi ont grandi !
Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer au début ? Ou peut-être auxquelles vous faites encore face ?
Je manque cruellement d’expérience pratique, et j’ai l’impression de le ressentir tous les jours !
La formation dont j’ai bénéficié dans le cadre de mon BTS édition est assez complète, mais elle nous prépare essentiellement à des emplois au sein de grandes maisons d’édition. C’est-à-dire qu’elle a pour objectif de nous spécialiser à certains postes (responsable éditorial, fabricant, préparateur de copie…) et laisse un peu de côté le reste. Or, quand on est micro-éditeur, il faut savoir absolument tout faire et tout gérer.
Comment fonctionnez-vous ? Combien êtes-vous à travailler pour Flammèche ? Est-ce votre seul emploi ou avez-vous un autre job à côté ?
Je travaille pour l’essentiel en solitaire, avec toutefois le soutien précieux de plusieurs personnes : mon compagnon pour l’administratif, des amis et bénévoles pour les manuscrits, et une correctrice.
L’activité de Flammèche n’étant pas encore très développée, j’enchaine de temps à autre quelques CDD dans une enseigne de surgelés. C’est l’un des autres avantages du statut d’AE : pouvoir cumuler avec un emploi salarial en attendant que ça décolle vraiment.
Comment avez-vous choisi votre ligne éditoriale ? J’ai pu voir qu’il y avait plusieurs collections en fonction des genres « urban », « fantastique », « steampunk »… C’est très bien organisé. Pourquoi avoir choisi ces genres en particulier ?
Ils correspondent tout simplement à ce que j’aime. Mais la ligne éditoriale n’est pas encore bien fixée. J’ai récemment essayé de recentrer les collections. C’est comme ça que la dystopie a disparu et que la romance paranormale a été restreinte au genre (alors qu’elle avait jusqu’à alors sa propre collection).
Etablir une ligne éditoriale est en définitive assez compliqué. Je sais ce que je ne veux pas, mais paradoxalement, je ne suis pas très sûr de savoir ce que je veux. Au final, ce sont les textes reçus et publiés qui feront l’identité de la maison, petit à petit.
Petite question supplémentaire : pourquoi « Flammèche » ?
J’aimais l’idée de la symbolique du feu dans l’imaginaire collectif : tantôt dangereux, tantôt protecteur… On le retrouve partout dans la mythologie et les croyances.
Et il y a aussi dans ce nom un petit clin d’œil à la communauté d’HPF et à son symbole, le phénix.
Vous avez fait le choix d’éditer d’abord des livres papier susceptibles d’être édités en format numérique par la suite. Pourquoi avoir fait ce choix alors qu’on voit se multiplier les maisons 100% numérique et que beaucoup prétendent que le numérique est l’avenir du livre ? Que pensez-vous de tout ça par ailleurs ?
Je ne pense pas qu’un jour on basculera dans du 100% numérique. Je crois plutôt que les deux vont devenir complémentaires. Oh, peut-être que je me trompe – après tout, les gens me regardent comme une extra-terrestre quand je leur dis que je continue à acheter des CD. Mais plus qu’un simple support de lecture, les livres sont aussi des objets que l’on aime montrer et qui peuvent s’avérer très sophistiqués (ouvrages reliés, livres pop-up…)
C’est dans cette logique de complémentarité qu’a été mise en place l’offre « papier + numérique », qui permet d’obtenir une version e-book des romans pour 1€ de plus.
Le choix d’éditer d’abord en papier les romans et novellas est ce qui m’a paru le plus logique. Pour les séries de nouvelles et les feuilletons, en revanche, la démarche est inversée : il s’agit d’abord de publier en numérique, puis en papier si le public est présent.
Combien recevez-vous de manuscrits en moyenne ? Et quels sont vos critères de sélection ? Comment se passe le contact avec les auteurs ?
A l’heure actuelle, environ deux par semaine. C’est peu, mais – les auteurs en savent quelque chose – la réponse peut être très longue à venir, même pour des nouvelles.
En règle générale, j’effectue une présélection en lisant les synopsis, afin de savoir si l’histoire correspond à ce que je cherche et si elle est bien dans la ligne éditoriale. Si elle me plait, j’envoie le texte au comité, et je le lis également de mon côté.
Jusqu’à présent, le contact s’est toujours bien passé. Je n’ai pas eu à affronter des mails incendiaires d’auteurs qui se sentaient incompris suite à un refus. Et je n’ai pas eu non plus d’auteur se volatilisant dans la nature après avoir répondu favorablement mais en expliquant qu’il y aurait certains points à revoir en correction !
Vous publiez actuellement trois auteurs différents si j’ai bien compris, pouvez-vous nous parler d’eux un peu plus en détail ? Quels sont leurs livres, à quel public sont-ils destinés… ?
Quatre, en réalité.
Angélique Ferreira a été la première à rejoindre Flammèche. Son roman Croissant de lune est un mélange d’Urban Fantasy et de romance, premier volume d’une série composée de deux tomes. On y suit les aventures d’Angèle, une sorcière qui fuit son passé et sa famille, et de Nicolas, un jeune homme qui, après avoir été sauvagement attaqué, se retrouve transformé en cú. L’ouvrage est disponible en version papier et en numérique.
Pierre Efratas signe une série de nouvelles autour de la mythologie nordique. Dans un style très oral, il nous conte les aventures de dieux tels que Thor, Loki, Freyja, mais également de mortels. Une version papier, illustrée par Catherine Nodet est prévue pour le second semestre.
Xian Moriarty est l’auteur d’une nouvelle fantastique assez sombre intitulée Chimères. L’histoire se déroule à Paris peu après l’assassinat d’Henri IV, mais je n’en dis pas plus…
Enfin, Rébecca Borakovski n’a pas encore été présentée, mais elle nous amènera elle aussi à Paris, à l’époque préindustrielle cette fois. Sa nouvelle, Lady Elena et le mystère de l’Horloge, sera publiée dans la collection Flamm’brune dédiée au steampunk.
Comment se passe la promotion des livres ? Est-ce que tout se passe sur internet ou est-ce que vous êtes présente lors des salons, conventions, etc. ? Pour le moment, il n’est possible d’acheter les livres que sur votre site, est-ce qu’il est prévu que vous soyez présents dans les librairies ou même sur de grosses plateformes internet ? Quels sont vos projets pour les éditions Flammèche ?
L’essentiel de la promotion et de la distribution se passe effectivement sur internet, mais Croissant de lune est actuellement disponible dans quelques librairies. Par ailleurs, le référencement sur des plateformes de ventes plus conséquentes comme Amazon et la Fnac est en cours.
Concernant les salons, j’espère pouvoir commencer cette année avec le Salon Fantastique fin octobre. Néanmoins il y a encore beaucoup de détails administratifs à régler et le catalogue reste très maigre à mon goût.
Petites questions plus rapides… Qu’est-ce qui vous a donné la vocation d’éditrice ?
En trois lettres : HPF. (Pour ceux qui ne connaissent pas, un indice : F comme Fanfiction.)
Pourriez-vous décrire une de vos journées types en tant qu’éditrice ?
Il n’y a pas vraiment de journée type. En général, je dresse une liste de choses à faire et je m’y colle. Par exemple, aujourd’hui, c’était : répondre aux mails en attente, m’occuper du référencement Amazon, et faire un point compta.
Est-ce que vous êtes vous-même auteur ?
J’écris pour mon plaisir, mais je ne sais pas si je franchirai le cap de l’édition un jour, que ce soit en auto-édition ou chez un autre éditeur.
Quel est votre auteur préféré ? Classique et contemporain.
Côté classique, je ne saurai le dire, car si certaines œuvres m’ont marquée, ce n’est pas forcément le cas des auteurs eux-mêmes.
Par contre, côté contemporain, c’est incontestablement J.K. Rowling !
Votre livre de chevet ?
Aucun actuellement. Je viens tout juste de terminer Doctor Who : Temps d’emprunt, et je pense que je vais avancer un peu les manuscrits en attente avant de commencer un nouveau roman.
Avez-vous des conseils pour les personnes souhaitant monter, comme vous, leur propre maison d’édition ?
Les classiques : bien réfléchir avant de se lancer, avoir une idée précise de ce que l’on veut faire, et être prêt à s’investir à 200% !
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Je vous invite à découvrir au plus vite les éditions Flammèche ainsi que leur boutique en ligne. Je suis persuadée que certains parmi vous sont intéressés par les genres de l’Imaginaire et y trouveront leur bonheur. Il est important d’aider les jeunes maisons d’édition à vivre et à se développer, il n’y a pas que la Fnac dans la vie ! Pour ma part, je vais regarder dès à présent les quelques ebooks qu’ils proposent et peut-être que par la suite, je ferais une chronique sur un livre des éditions Flammèche ;)
A très vite pour de nouveaux articles !
15 comments
Une interview diablement intéressante ! Je viens de découvrir par hasard cette petite maison d’édition, et je suis bien contente d’avoir pu en apprendre plus grâce à ton article, merci Cordélia !
J’espère que Flammèche parviendra à croître et à gagner en notoriété, car ça n’a pas l’air facile (la mention du petit boulot dans les surgelés m’a fait froid dans le dos, en tant qu’aspirante éditrice…).
En tout cas, je vais me procurer Croissant de lune et éventuellement la série nordique si elle est publiée en papier, en espérant pouvoir me rendre au Salon du Fantastique début novembre où Flammèche sera officiellement présent. :)
Oh tu ne peux pas savoir combien ton commentaire fait plaisir ! C’est vraiment génial de faire découvrir des auteurs et des éditeurs :) Je suis contente que ça te plaise et j’espère que tu aimeras les livres que tu te procureras !
En tout cas, je serais sans doute aussi visiteuse au Salon du Fantastique comme depuis deux ans, j’aime ce salon ^^
Bel article ! Je suis allée faire un tour sur la boutique, je suis impressionnée par les prix e-book Oo, c’est tellement peu comparé à ce que nous volent certaines maisons pour un e-book. Par contre je n’ai pas trouvé la nouvelle « Chimères » sur la boutique, dommage parce que ce serait sans doute plus adapté qu’un roman à mon manque de temps. Elle n’a pas l’air d’être sortie pour le moment ^^
Super interview et l’article sur la maison d’édition est super intéressant. J’ai été jeter un œil sur le site, je sens que ma carte bleue va bientôt sortir de mon sac xD. En plus c’est vraiment le genre de livres que j’aime, tout ce qui tourne autour de l’imaginaire c’est quelque chose que j’adore.
Puis je trouve ça très bien que tu nous parle des maisons d’éditions peu connues, parce que personnellement je connaissais pas du tout Flammèche mais je sens que je vais suivre ce qui s’y passe de près ^^.
Va donc, ça me fait plaisir de faire découvrir de petits éditeurs et petits auteurs ! Merci ^^
Ah, contente de voir que le catalogue accueille ces titres-là ^^ !
Je conseille à tous ceux qui se tâtent pour essayer de foncer. Je ne connais pas les textes d’Angélique Ferreira (même si on m’en a dit beaucoup de bien), mais j’ai pu goûter aux autres textes, chacun ambassadeur d’un univers très particulier, avec sa couleur propre. Les légendes nordiques sont particulièrement bien écrites et nous transportent dans un univers fantastique classique avec un cachet très particulier, la nouvelle « Chimères » me plaît par son récit et quant au texte à paraître, l’aspect steampunk est vraiment bien exploité et on se retrouve assailli d’images au fil de la lecture. Vraiment, je conseille ces textes (pas très longs) à tous ceux qui sont intrigués.
Et puis merci Cordy pour ces interviews avec de petits éditeurs, c’est vraiment sympa pour apprendre à mieux les connaître. Perso j’ai davantage envie de me tourner vers ces maisons-là qui sont proches du lectorat et souvent animées par des passionnés, plutôt que d’aller vers les bouquins énormes en police seize qui coûtent 20€ (le Salon du Livre de ce week-end m’a laissé un goût amer dans la bouche côté tarifs, j’ai dû faire des choix…)
Oui tu connais un peu toi non ? ;)
Je vais aller jeter un oeil très prochainement !
Et oui, j’essaye de montrer un peu ce qui se fait de bien chez les petits éditeurs parce que comme tu dis… chez les gros c’est UN PEU du foutage de gueule souvent *comme tous les livres comme par hasard en grand format alors qu’ils existent en poche au salon du livre*
Très intéressant, merci. Une maison d’édition spécialisée dans les univers que j’aime lire, c’est cool !
De rien, ravie de t’avoir fait découvrir quelque chose ! :D
Youhou, belle interview !
(par contre, ca aurait été un peu mieux lisible avec les questions en italique ou en gras…)
Je suis d’assez près ce qui se passe chez Flammèche, et c’est vraiment un chouette projet ! :)
Merci ^^
Ah oui tu trouves ? j’avais fait comme ça aussi la dernière fois, le changement de polices… je vais tester ;)
Ah oui, tiens, ça m’avait pas gêné la dernière fois.
Je dois être fatiguée, mes yeux arrivent plus à suivre.
Bon, j’ai lu ça au boulot entre 2 clients, ça devait pas aider non plus…
Bah écoute je sais pas trop, tu me diras demain quand tu seras reposée si ça te fait pareil ou pas @___@ que je change en cas de souci ;)
Ah oui, effectivement, ça va mieux avec des yeux frais. ^^
Ca reste moins visible que de l’italique ou une couleur, mais on voit la différence.
Ok bon tu me rassures un peu quand même x) Je vais peut-être quand même voir si je peux essayer de faire une différence plus franche sans que ce soit trop moche x)