Bonjour à tou⋅te⋅s,
Me revoilà avec un article sur l’écriture. Lorsque j’ai commencé ce blog en 2013 (il y a 5 ans ! le temps passe vite !), j’avais des idées assez précises sur comment je devais écrire mes romans. J’ai d’ailleurs partagé ici plusieurs de mes techniques, mes méthodes d’organisation, mes fiches préparatoires. 5 ans après, j’ai beaucoup appris sur l’écriture et j’ai surtout beaucoup écrit. Il y a des romans que j’ai terminé, d’autres que j’ai laissé en hiatus. Des histoires dont l’écriture a été facile, d’autres où l’accouchement a été long et douloureux.
Qu’on soit clair, j’utilise toujours plus ou moins les mêmes méthodes, ma manière de préparer mon écriture et de travailler n’a pas foncièrement changé, mais je me suis quand vachement… détendue du slip. Les années passant, je me suis rendue compte que trop de préparation ne m’aidait pas forcément. J’ai aussi rencontré beaucoup d’auteurs et d’autrices qui n’avaient pas les mêmes méthodes, certains qui étaient plus rigoureux que moi, d’autres qui pratiquaient assidûment la technique du freestyle.
Trop de planification tue ma motivation
J’ai fini par me rendre à l’évidence. Trop préparer mes histoires, trop chipoter sur la création de mes personnages finissaient irrémédiablement par me faire perdre le goût de l’écriture. En effet, si je sais déjà tout ce qui allait se passer, si tout est déjà prêt dans ma tête, alors pourquoi prendre le temps de l’écrire ? Ayant une imagination débordante et une capacité de visualisation, ma foi pas dégueulasse, j’avais l’habitude d’inventer les scènes dans ma tête, de me faire les dialogues, un peu comme j’aurais regardé un film.
Le problème est que si je sais trop précisément le contenu de ma scène, c’est comme si je ne voyais plus l’intérêt de faire l’effort de l’écrire. A la différence, si j’ai une idée floue du déroulé des événements, je suis beaucoup plus motivée pour l’écrire puisque moi-même j’ai hâte d’imaginer la suite !
A contrario, si je n’ai aucune idée du contenu de mon chapitre, ça me bloque complètement. Il a fallu que je trouve un juste milieu. Avoir une idée assez floue pour être motivée par l’écriture et à la fois une idée assez précise pour trouver facilement l’inspiration.
Moins de fiches personnages, plus d’écriture
Bien sûr, je n’ai pas abandonné mes fiches personnages. Elles me sont toujours extrêmement utiles ! Par contre, je ne fais plus des fiches aussi détaillées qu’avant (cf. mon article sur la fiche personnage). Je rassemble les informations essentielles, notamment sur l’histoire personnelle des personnages, puis je me jette rapidement dans l’écriture. Mes personnages se définissent au fur et à mesure de l’écriture, leur caractère prend forme au sein du récit lorsqu’ils interagissent les uns avec les autres.
Je me suis rendu compte que lorsque je prenais trop de temps à préparer mes fiches personnages, sans les utiliser réellement dans mon écriture, encore une fois ma motivation baissait. Si je suis incapable de partir avec zéro idée de personnages (d’autres le font !), j’ai besoin de cette excitation liée à la création d’un nouveau personnage pour écrire.
Je fais donc des petites fiches, que je complète au fur et à mesure de mon écriture. A chaque fois que j’ajoute un détail sur sa vie, sa famille, son physique, je l’inscris dans sa fiche (ou du moins j’essaye d’y penser). La fiche s’étoffe avec le temps, le personnage prend du relief et surtout j’apprends à le connaître.
Définir des arcs narratifs
J’ai pour habitude de travailler par scène. Il est rare qu’un chapitre s’étire sur une longue période de temps, se passe dans plusieurs lieux. C’est une habitude comme une autre. Quoi qu’il en soit, avant d’écrire, je découpe mon histoire en arcs narratifs, puis en chapitres.
Par exemple, dans Mon Amie Gabrielle, il y avait 3 arcs narratifs :
- 2004 : adolescence, Gabrielle est dépendante de Salah et il lui vient en aide
- 2011 : jeune adulte en couple, la dynamique s’inverse progressivement, Gabrielle gagne en indépendance alors que Salah s’accroche à elle
- 2014 : vie adulte avec enfants, Salah est dépendant de Gabrielle et incapable de faire ses propres choix
Dans le cas de ce roman, il n’y avait pas d’intrigue autre que les relations entre les personnes. C’est donc ces relations qui définissent les arcs narratifs. Dans le cas de mon roman Alana et l’enfant vampire (qui n’a pas encore trouvé d’éditeur), l’intrigue se rapproche plus d’une enquête, ce qui donne :
- Partie 1 : découverte de l’univers des vampires
- Partie 2 : J. est-il un vampire ? les 2 héroïnes mènent l’enquête
- Partie 3 : chasse au grand méchant vampire
J’aime bien les histoires en 3 parties, mais évidemment ce n’est qu’un exemple. En tout cas personnellement, ça m’aide beaucoup de penser mon histoire ainsi, plutôt que de partir directement sur un chapitrage.
A noter que tout dépend aussi des histoires. Dans Tant Qu’il Le Faudra, mon roman feuilleton sur Wattpad, je n’ai pas prévu d’arcs narratifs car j’écris au fil de l’eau et je suis précisément le déroulé d’une année scolaire. Le rythme est donc plutôt imposé par l’agenda associatif des personnages. Mais qui sait, peut-être que je changerai d’avis pour revenir à mes petites habitudes ?
Préparer le chapitrage (provisoire)
Après avoir posé mes arcs, je peux m’attaquer au chapitrage. Ayant clairement un problème avec les maths, je ne peux pas m’empêcher de faire strictement le même nombre de chapitres par arc, mais ça c’est juste moi. Quoi qu’il en soit, je commence à réfléchir au contenu de mes chapitres. Je commence toujours par définir :
- le point de vue (dans le cas où il change selon les chapitres)
- l’action principale
- le ou les lieux (souvent, il n’y en a qu’un seul, mais ça peut changer)
- les personnages qui interviendront
Par exemple, voici ce que j’avais écrit pour le 1er chapitre de Tant Qu’il Le Faudra :
PDV Prudence
1ère réunion de l’année au local
Présent·e·s : David, Léo, Min-Jae, Shun, Harry, Gwen, Medhi, Max, Prudence
Absent·e·s : Ina (AG de son autre asso), Jade (accessibilité), Romane (week-end en famille), Nathan (travaille)
Pour un chapitre de Alana et l’enfant vampire, c’est un peu différent :
J. se joint au groupe à la dernière minute, pas content d’avoir été mis de côté. Les 3 ados s’introduisent dans la maison pendant que Jupiter est retenu ailleurs par les adultes. Ils se font surprendre par V. pendant qu’ils libèrent les 2 enfants.
Ce n’est pas présenté pareil mais on a les mêmes éléments : les personnages (que j’ai un peu anonymisé pour ne pas spoiler), le lieu (la maison du méchant) et l’action (l’entrée par effraction, la libération et la surprise).
Selon la taille du livre, je fais tout le chapitrage d’un coup, ou je procède par arc. Je fais le chapitrage de l’arc 1, j’écris tout, puis je fais le chapitrage de l’arc 2, etc. Il est fort possible que mes chapitres bougent au cours de l’écriture, que j’en inverse certains, que je repousse des scènes, que j’en ajoute, que j’en supprime. L’important est d’avoir une base cohérente sur laquelle je peux me reposer, histoire de ne pas écrire à l’aveuglette.
Mais ce n’est qu’une base ! Et c’est d’ailleurs là tout l’intérêt. C’est une base dont je peux m’écarter un peu au gré de mon inspiration.
Écrire dans l’ordre chronologique
Les romans que je n’ai jamais terminés sont ceux que je n’ai pas écrit dans l’ordre. La raison est bien simple : quand je ne me force pas à écrire chronologiquement, j’écris les scènes qui me font le plus kiffer. Résultat, au bout d’un moment, il ne me reste plus que des scènes « moins bien » à écrire. Donc j’arrête d’écrire. A chaque fois, c’est la même chose.
Je me connais, il faut absolument que je m’empêche d’écrire cette scène de bisou chapitre 12, même si j’ai hâte. Il faut que j’écrive les 11 premiers chapitres et la fameuse scène de bisou chapitre 12 sera ma récompense. J’imagine que d’autres personnes n’ont pas ce problème et je les envie. Je sais bien que dans l’idéal, tous les chapitres seraient également kiffants, mais il faut se rendre à l’évidence, il y a des scènes qui me motivent plus que d’autres.
De plus, mes personnages évoluent au sein du récit, mais également dans ma tête. Il est possible que le caractère de Kevin se soit beaucoup modifié entre le moment où j’ai fait sa fiche personnage et le moment où j’arrive au fameux chapitre 12 où il embrasse Jean-Michel. Ecrire dans l’ordre m’aide à garder une certaine cohérence et à mieux maîtriser l’évolution des personnages. Il n’y rien qui m’insupporte plus que de jeter tout un chapitre parce que je l’ai écrit trop tôt et qu’en rejoignant les deux bouts, ça ne colle plus.
J’ai donc arrêté d’écrire des bouts d’histoire ça et là, et j’écris dans l’ordre chronologique. C’est contraignant, mais c’est ce dont j’ai besoin. Par ailleurs, je trouve qu’écrire ainsi m’offre plus de liberté, plus d’improvisation. L’histoire peut se modifier doucement, sans que je m’arrache les cheveux parce que je pensais avoir tout calculé à l’avance.
Se préparer à improviser ?
Tout ce blabla pour dire que finalement, je me prépare beaucoup moins qu’avant quand j’écris un roman. Et je pense que ça paye, puisque j’arrive enfin à finir des histoires longues. Et c’est quand même un gros progrès ! J’aime toujours autant faire des fiches, des recherches, prendre des notes. Mais je me laisse beaucoup plus de marge pour improviser, je m’autorise plus de liberté, notamment en laissant plein de trous partout ! Mes personnages sont plus flous, pour prendre plus de caractère dans l’histoire. Mes scénarios sont moins détaillés, pour plus de déviations intéressantes.
***
Voilà, je vais m’arrêter ici pour aujourd’hui ! J’espère que cet article vous a intéressé. En tout cas, c’était aussi pour moi un moyen de formaliser un peu ma méthode de préparation pré-écriture de roman. Peut-être que si ça vous branche, je ferais un autre article sur ma méthode d’écriture (donc hors préparation en amont).
Dans la même veine de cet article, j’ai fait une vidéo sur ma préparation au NaNoWriMo 2018 ;)
Bonne journée et à la prochaine !
5 comments
Merci beaucoup pour cet article très intéressant Cordélia !
Je me retrouve dans pas mal de choses que tu cites et ça me rassure un peu ! Car contrairement à ce que préconisent beaucoup d’auteurs/blogs, je ne fais pas de fiche personnages ! Je me suis forcée au début à en faire une (car tout le monde a l’air de trouver ça top), mais comme toi, ça m’ennuyait beaucoup, et au final, je ne l’utilisais pas. Donc je ne fais plus du tout de fiche personnage (j’en entends d’ici, être choqués !). J’ai une idée très basique de mes personnages (physique et personnalité) et au final, les personnages se construisent au fil de l’écriture. Et je trouve perso, que ça me convient mieux.
Et pareil que toi, j’ai tendance à ne pas écrire dans l’ordre chronologique, et commencer par mes chapitres préférés. Le problème comme tu le dis très bien, c’est qu’au final, il ne reste plus que les « moins marrantes » et ça démotive un peu et qu’on peut se perdre dans l’histoire et du coup, devoir revenir/supprimer des parties pour établir une cohérence (j’ai supprimé des grosses parties de texte à cause de mon écriture non-chronologique).
Au final, j’aimerais juste rajouter que passer à l’écriture dans l’ordre, est très motivant dans le sens où il est plus facile de voir l’avancé du roman… Et ça c’est très motivant ! :-)
Bonjour,
Je découvre ton blog que j’aime beaucoup. Cet article m’intéresse particulièrement, merci pour ces infos. Je dois avouer que je n’avais pas prêter attention au fait d’écrire dans l’ordre chronologique, ca explique surement ma page un peu blanche du moment ;-)
Bises
Tu peux toujours essayer l’ordre chronologique et voir si ça te convient ^^
Article très bien fait ! Je découvre ton blog et j’aime beaucoup ! :)
Bonjour et merci pour ton blog qui, à chaque fois que j’y mets le nez me fait rire, m’apprend de nouvelles choses et m’emmène dans des univers dont je n’avais jamais entendu parler. C’est très rafraichissant!
J’ai beaucoup aimé ton article car je me retrouve dans plusieurs choses que tu décris et je pense que ça va m’aider à avancer. J’écris un peu aussi (du moins j’essaye) et je rencontre les même problèmes que toi (trop planifier, écrire en premier les scènes cool, et du coup perdre la motivation!) J’ai expérimenté une nouvelle technique récemment et je la trouve vraiment pas mal car rapide et très exhaustive, je t’en parle rapidement, peut-être que ça te parlera aussi, ou que ça parlera à d’autres personnes qui pourraient lire ce commentaire. Donc pour préparer l’écriture d’un roman, je fais une carte mentale de l’histoire. (pour savoir ce qu’est une carte mentale : https://primabord.eduscol.education.fr/qu-est-ce-qu-une-carte-mentale et comment l’utiliser pour l’écriture : http://www.revue-recherches.fr/wp-content/uploads/2016/07/025-047_R60_KervynFauxBillon.pdf ). Elle me permet d’avoir une vision globale et synthétique de l’histoire, de diviser en chapitre très rapidement, et de manière visuelle, et de savoir dans quel ordre je dois écrire l’histoire. pour la création de personnages, je pense qu’on peut aussi l’utiliser, mais je n’ai pas encore essayé. Pour la création de personnages, je pense qu’il est possible de faire une carte mentale de ce personnage, puis d’écrire une courte nouvelle sur un évènement de sa vie, soit antérieur à l’histoire, soit qui se passe pendant ou après l’histoire principale, mais qui n’apparait pas dans le roman. C’est rapide et en même temps détaillé, ça nourrit l’histoire principale, et certains extraits de la nouvelle peuvent être réutilisés, par exemple pour la description du perso, pour des scènes de rêves, de souvenirs etc. Personellement, je fais mes cartes à la main car je n’ai pas encore trouvé de solution informatique qui me convienne parfaitement. Je la fais au crayon à papier, puis je rajoute des couleurs pour les différents chapitres ou parties etc… Dans la derière que j’ai faite, il y a trois fins possibles, et comme je n’arrive pas à me décider sur laquelle choisir, je peux mettre les trois en vis-à-vis, c’est très pratique.
Voilà, j’ai résumé en gros comme j’utilise ces cartes, j’espère que ça t’auras été utile. C’est un outil que je trouve très intuitif, rapide et pratique. Merci encore pour tes écris et à bientôt!