L’année dernière, au mois de mai, une idée m’a traversée l’esprit : et si j’écrivais une histoire que je publierai sur Wattpad ? Et dans l’idéal, je publierai 1 chapitre par semaine. Je pensais que mon histoire ferait une 50aine de chapitres (lol je me suis trompée, ça sera bien plus LONG), l’objectif était donc : 1 chapitre par semaine pendant 1 an (au moins). Un an plus tard, je reviens sur cette expérience.
Petit point sur l’histoire
Tant Qu’il Le Faudra, c’est un roman-feuilleton que je publie sur Wattpad. Chaque dimanche (et parfois le mercredi aussi), je partage un nouveau chapitre. C’est l’histoire de jeunes LGBT+ dans une association qui édite un magazine LGBT+. Iels évoluent à Paris, dans le milieu associatif, et on les suit dans leurs réunions, leurs soirées, leurs manifs et bien sûr tous leurs drama. Ça parle d’amour, d’amitié, de militantisme et des questions queer.

Se préparer en amont
Grâce à mes archives Instagram, je suis en mesure de vous dire que j’ai trouvé le titre « Tant Qu’il Le Faudra » le 23 mai 2018. Et j’ai publié le premier chapitre le 1er septembre. Il m’a fallu 3 mois pour me préparer.
Il fallait que je construise les personnages, premièrement. J’ai commencé à prendre des notes dans un carnet, à noter des pistes sur ce qui pouvait leur arriver. J’ai dû aussi établir clairement le fonctionnement de leur association HoMag, définir les liens qui unissaient chaque personnage aux autres (d’où les schémas de relations comme ci-dessous). Ensuite bien sûr, j’ai essayé de découper les scènes, de scénariser les chapitres. C’était facile au début car je n’avais que 4 personnages principaux et je faisais simplement tourner les points de vue. Ça me cadrait énormément, ce qui était salutaire au début. Maintenant, j’ai pas moins de 10 personnages principaux et clairement, l’équilibre est plus difficile à trouver.

Et bien sûr, il a fallu écrire. Il fallait que j’ai un certain nombre de chapitres déjà écrits avant de commencer à publier, sinon j’aurais été droit dans le mur. J’ai donc pris l’été pour poser mon histoire, mes personnages, mon contexte et rédiger les 8 premiers chapitres.
Ce temps de préparation a aussi été l’occasion de commander des illustrations. J’ai travaillé avec l’illustratrice Rine (@darksonshake sur Instagram) qui a réalisé dans un premier temps ma couverture et 4 illustrations pour les 4 personnages principaux. Par la suite, j’ai pu lui commander d’autres illustrations, mais j’ai été raisonnable au début.

Se lancer dans la publication
Evidemment, je ne me suis pas lancée dans la publication sur Wattpad sans faire un minimum de teasing ! Ça faisait déjà un moment que je parlais du fait que je travaillais sur une histoire, et un mois avant la publication du 1er chapitre, j’ai réellement commencé ma pub. Avoir des illustrations m’a grandement facilité le travail, j’ai pu dévoiler le titre, la couverture, le résumé, les mini-fiches des personnages principaux.
Le 1er septembre 2018, la machine était lancée. J’ai dévoilé mon tout premier chapitre. Les premiers retours ont été très encourageants et plus nombreux que je l’aurais imaginé ! Ça m’a motivé pour la suite. Je remercie au passage mes lecteurs·rices pour leur enthousiasme <3
A partir de ce moment-là, j’ai publié 1 chapitre chaque dimanche (ou presque). Pourquoi le dimanche ? Déjà avoir un jour régulier permet de créer un petit rendez-vous. Ensuite le dimanche parce que le week-end on a plus de temps pour lire, surtout que mes chapitres peuvent être un peu long, et souvent le dimanche les gens font moins de trucs que le samedi (en tout cas moi, mes dimanches sont tranquilles, alors que le samedi j’ai tendance à plus sortir. Je publie toujours tôt le matin et si par hasard je fais la grasse-mat jusqu’à 11h, je reçois des messages pour me réclamer le chapitre xD
Publier son histoire alors qu’on ne l’a pas terminée, c’est s’exposer à plus d’erreurs. Ça arrive tout le temps de changer d’avis sur un personnage, de se rendre compte qu’on s’est contredit dans un chapitre. Je crois que ça m’est arrivée 2/3 fois d’aller changer des détails dans les premiers chapitres pour que ça colle mieux avec la suite que j’écrivais. Je crois que personne ne l’a remarqué (ou du moins, personne ne l’a dit). Mais ça fait partie de la contrainte et de l’exercice donc je ne m’en plains pas et je trouve que je m’en sors plutôt bien ! Cependant, je ne pense pas que je me risquerai sur ce type de publication au fil de l’écriture avec une histoire comprenant une intrigue plus poussée (par exemple un polar ou un récit à suspense).
Niveau correction aussi, je n’ai pas le temps de faire des corrections très poussées. Forcément, avec un rythme pareil, j’ai pas le temps d’aller réécrire chaque phrase et de faire rimer mes paragraphes. Je me tiens à une correction orthographique assez basique, et il arrive que des lecteurs·rices me signalent des coquilles dans le texte.
Lorsque j’aurais terminé l’écriture ET la publication, il faudra sans doute que je reprenne entièrement cette histoire pour réaliser un énorme travail de correction. Mais j’essaye de ne pas trop y penser !

S’accorder des pauses
Quand j’ai commencé, je pensais réellement publier un chapitre par semaine sans jamais m’arrêter. Je croyais que j’arriverai toujours à avoir de l’avance ou que je me forcerai à le faire.
En vrai, si j’avais voulu ne jamais prendre de pause dans la publication, j’aurais pu. J’ai toujours eu plus ou moins de l’avance, ou j’aurais trouvé le moyen d’écrire vite vite un chapitre dans la semaine. Mais ce fonctionnement à flux tendu aurait sans doute été plus stressant et je cherchais à tout prix à éviter le stress. J’avais déjà suffisamment de pression sur le contenu de mon histoire, si en plus je me mettais la pression sur le rythme de publication, j’aurais pas été sorti de l’auberge !
Faire des pauses (à la Toussaint, à Noël, après la publication de la fin de la partie 1), a été vraiment salutaire. J’étais plus détendu, ça m’a permis à chaque fois d’écrire plusieurs chapitres, de les mettre en réserve et de pouvoir reprendre sereinement la publication.
Alors oui, j’ai fait des pauses, mais le résultat est là : j’ai tenu un an et c’est parti pour durer encore. A l’heure où j’écris cet article (mi-juin), j’ai des chapitres écrits (avec juste des corrections à faire) pour publier 2 chapitres par semaine jusqu’à début septembre. Pas mal comme avance !
Et cet été, je vais m’accorder une longue pause sur Tant Qu’il Le Faudra car 1/ j’ai aussi d’avance pour me le permettre 2/ j’ai besoin de souffler. Une année sur la même histoire, c’est long ! J’ai besoin d’écrire autre chose avant de reprendre l’écriture de la partie 3 (qui sera la dernière).

Prendre en compte les retours ?
Ce qui m’intéressait le plus dans le fait de publier un roman au fur et à mesure de l’écriture (au lieu d’attendre d’avoir tout fini pour publier), c’était l’interaction qui devenait possible entre moi qui écrit, et les lecteurs·rices qui lisent au fur et à mesure.
J’avais envie de me laisser la possibilité d’être influencé par mon lectorat, de voir ce que les gens retenaient, ce sur quoi iels s’attardaient, qu’est-ce qui leur plaisaient. D’autant plus que mon récit se prêtait très bien à cet exercice, puisqu’il n’y a pas réellement d’intrigue de type « le monde à sauver » ou « un grand méchant à tuer ». Ce sont des histoires de vies, et si j’ai une idée générale de là où je veux emmener mes personnages, j’ai la possibilité de leur faire vivre des événements supplémentaires pour enrichir l’univers.
De façon concrète, qu’est-ce qu’il s’est passé ? A quel point j’ai été influencée ?
- Certains personnages sont devenu·e·s très populaires alors qu’à la base iels devaient juste faire partie du décor et résultat, ça m’a poussé à leur donner plus d’importance. Et c’est tant mieux, car iels ont maintenant plus de caractère, plus de background et maintenant je les aime aussi beaucoup <3 Typiquement : Sen, Harry, Romane.
- Des lecteurs·rices ont relevé des détails dans ma propre histoire, des zones d’ombre que j’ai pu ensuite exploiter. Par exemple le fait que Harry ne soit pas dans le groupe de conversation des mecs.
- On m’a soufflé des scènes auxquelles je n’aurais peut-être pas pensées, ou peut-être que je n’aurais pas pensé que ça puisse être attendu donc je ne les aurais sans doute pas écrites. Par exemple : l’anniversaire de Romane, la séance photo de Min-Jae, une discussion entre Jade et Sen.

Plusieurs fois, j’ai également moi-même sollicité les avis des lecteurs·rices (souvent sur Instagram via des sondages) lorsque j’avais besoin de prendre une décision ! Qui Min-Jae va prendre en photo ? Est-ce que je mets des scènes de sexe ou pas ? Quel personnage voudriez-vous voir plus souvent ? Quels surnoms j’écris sur les sweats de prépa de Harry, Min-Jae et Galahad ? La plus grosse décision que j’ai prise avec le conseil des lecteurs·rices, c’est de diversifier les points de vue à partir de la partie 2. J’hésitais vraiment et l’enthousiasme des gens à l’idée de rentrer dans la tête des autres personnages (dans la partie 1, on ne voit que Prudence, David, Jade et Ina), m’a convaincu.
De plus, il m’arrive de temps de temps de demander à des lecteurs·rices si iels veulent bien me donner un avis sur un chapitre à l’avance quand j’ai besoin d’un point de vue différent. Soit parce que j’ai peur qu’on comprenne mal les bails, soit parce que j’aborde un sujet que je ne maîtrise pas totalement et je préfère avoir quelques avis de gens qui elleux, connaissent bien le sujet (sur l’asexualité d’Harry par exemple).
Pour terminer, cet échange direct avec les lecteurs·rices, en plus d’influencer discrètement mon écriture, il me motive ! Les retours sont un véritable moteur pour moi. Clairement, si j’avais écrit mon histoire dans mon coin avant de la publier : 1/ elle n’aurait pas été aussi riche 2/ je n’aurais pas développé autant tous les personnages 3/ elle n’aurait pas été aussi longue. Est-ce une qualité ou un défaut ? A vous de me le dire ! C’est sûr que ce n’est pas une histoire très « efficace », je veux bien vous l’accorder !

Bilan, 1 an après
De la fierté et de l’expérience, je pense que c’est ce que je retire de cette aventure. En plus des 180 000 mots au compteur. Quand je me suis lancée, j’ignorais totalement si je serai capable de tenir cette résolution et d’aller au bout. Alors je n’en vois pas encore le bout, mais j’ai confiance !
De plus, mon histoire est tellement plus riche que ce que j’avais prévu à la base. Clairement, je ne m’attendais pas à développer autant mes personnages supposés secondaires, ni à emmêler autant leurs histoires. C’est une très bonne surprise !
Écrire et publier 1 chapitre par semaine pendant un an, ça m’a permis aussi de me former en tant qu’écrivain. C’est avec la pratique qu’on s’améliore et ça faisait des années que je ne m’étais pas donné autant de temps pour écrire. Je me connais mieux qu’il y a un an, j’ai plus conscience de mes capacités et de mes limites.
Évidemment, j’ai aussi fait de belles rencontres avec mes lecteurs·rices. Je n’écris pas que pour moi, sinon je me raconterai juste des histoires dans ma tête et je me ferai pas chier à les écrire. J’écris pour des gens. Pour leur raconter des histoires, pour leur transmettre des choses, pour les faire rire, pleurer, sourire. Voir que mon roman trouve son public, c’est la plus belle des récompenses.
Je vais termine là-dessus, ça fait une bonne conclusion :) Si vous avez des questions supplémentaires, n’hésitez pas à les poser en commentaire et je prendrai le temps de vous répondre. Et si vous souhaitez que j’écrive d’autres articles sur d’autres sujets relatifs à mon expérience en tant qu’écrivain, je suis à l’écoute de vos suggestions.
Bonne journée !
1 comment
Bonjour Cordelia ! Les interactions avec le lectorat m’intéressent aussi énormément. Je n’ai pas, en revanche, ta popularité. Ni tes outils numériques, que je ne connais pas. J’ai entrepris un blog, juste un blog, sur lequel je publie des articles pour le moment car je prends un peu d’avance (Encore un point commun ? Est-ce si étonnant ?) sur le roman que j’ai décidé de mettre en ligne au rythme d’un chapitre par semaine. Je vais suivre avec grand intérêt tes publications.