Comment on écrit un roman ? C’est quoi le secret de la réussite ? Quels conseils je donnerai à quelqu’un qui n’a jamais écrit de roman mais qui souhaite se lancer dans l’aventure ? Voici mes 7 conseils imparables pour écrire votre roman (le 2e va vous étonner).
1. Se demander « pourquoi ? »
C’est vrai ça ? Pourquoi ? Pourquoi tu veux écrire ce roman ? Pourquoi tu as envie de le terminer ? Pourquoi il te tient tant à cœur ? Pourquoi tu as ressenti l’envie de cliquer sur cet article ? Pourquoi ?
Je pense que l’une des clés de la motivation (qui aide quand même beaucoup à atteindre ses objectifs), c’est de savoir pourquoi on travaille. Si tu te mets à ton ordinateur le soir après le boulot pour écrire alors qu’il serait mille fois plus confortable de te poser devant Le Meilleur Pâtissier, tu dois avoir une bonne raison.
Lorsque tu perds l’envie, que tu es complètement paumé·e dans ton histoire, que tu ne sais plus par quel bout prendre ton scénario, je te conseille de te recentrer sur ce qui est important pour toi. Quelles sont les raisons pour lesquelles tu as envie de terminer ce roman et pour lesquelles il est si difficile d’abandonner ? Ces raisons, elles n’appartiennent qu’à toi.
On peut avoir envie d’écrire un bouquin pour transmettre un message et des valeurs, pour sensibiliser à un sujet, pour donner des émotions à son lecteur, pour exorciser un chapitre difficile de sa propre histoire, pour se confronter à un trauma, pour raconter sa vie et même (car oui, c’est une motivation comme une autre) pour la thune. Je n’ai pas à juger tes motivations, tu fais comme tu veux.
C’est difficile de réussir à produire quelque chose, surtout quelque chose d’aussi difficile et long comme un roman, lorsqu’on ne sait pas pourquoi on le fait. On a tou·te·s besoin d’une motivation, même minime, sinon à quoi ça sert de se faire chier à écrire ? De dépenser autant d’énergie dans cette activité chronophage et épuisante psychologiquement ? Pose-toi cette question. Répond-y dans un carnet, sur ton blog, dans ta tête. Et les jours où tu as l’impression de n’arriver à rien, rappelle-toi pourquoi ça vaut le coup de persévérer :)
2. Expérimenter encore et encore
Des conseils, des méthodes, tu en trouveras plein sur Internet. Y compris sur ce blog ! Il y a quelques années, j’écrivais plein d’articles expliquant qu’il vaut mieux faire comme ci comme ça. Fun fact : j’avais fait un article 10 conseils pour écrire un roman il y a 5 ans que je regarde aujourd’hui avec tendresse. Je ne vais pas te dire « tout ça, c’est des conneries : fais comme tu veux » … mais presque. C’est pas que « c’est des conneries », c’est juste que ce sont des méthodes, des astuces, des petits tips et rien de plus.
Il n’y a pas UNE méthode ultime pour écrire un roman. Le seul conseil universel, c’est : pour écrire un roman, il faut écrire. Le reste, ça dépend de chacun. Il y a les écrivain·e·s architectes, celleux qui prévoient tout à l’avance et qui construisent leurs histoires comme on construirait une maison, en commençant par les plans, puis les fondations, ensuite les murs, ensuite j’ai-aucune-idée-de-comment-on-construit-une-maison-tu-as-compris-l’idée. Il y a les écrivain·e·s jardiniers qui balancent des idées et ensuite voient où ça les mène (Tess Corsac en parle un peu dans mon podcast La Voix des Plumes). Il y a celleux qui ont absolument besoin de tout scénariser, celleux qui préfèrent ne pas connaître la fin, celleux qui ne jurent que par les fiches personnages, celleux qui rencontrent leurs personnages au fil de l’écriture.
Mon conseil est : essaye. Fais des expériences ! Teste des trucs ! Lance-toi à cœur perdu dans la méthode du flocon ! Ou au contraire, écris directement sans rien préparer à l’avance ! Pour savoir ce qui te convient, pour apprendre à te connaître en tant qu’écrivain·e, il faut que tu expérimentes des choses.
Peut-être que tu vas découvrir que TA méthode, celle qui s’accorde avec ton caractère, ta façon de penser et ton rythme de vie, c’est celle de Bidule Chouette. Ou peut-être que, au contraire, tu vas t’inspirer de celle de Machin et la mettre à ta sauce. A moins que tu découvres être de la team « Feel Style Absolu ». Je ne peux pas le savoir. Je peux partager ce qui a fonctionné pour moi, je peux t’expliquer ce qui a marché pour d’autres, mais je ne saurais pas ce dont toi tu as besoin.
3. Se fixer des objectifs… ou pas ?
Je pense que c’est une vraie question à se poser. Est-ce que tu as envie de te mettre des objectifs du style « j’écris X mots ce mois-ci » ? Est-ce que tu es à l’aise avec ça ? Ou est-ce qu’au contraire, ça te paralyse.
Sur les réseaux sociaux, on a tendance à afficher ses réussites et moi la première ! Je n’hésite pas à dire « j’ai écrit x mots aujourd’hui », « ohlala j’avais tel objectif que je n’ai pas atteint » ou au contraire « YES ! Regardez j’ai réussi je suis la meilleure ». On peut avoir tendance à se fixer des objectifs pour faire comme tout le monde. A se lancer dans le NaNoWriMo ou dans le Camp NaNo ou dans je-ne-sais-quel-challenge.
Sauf que. Ce n’est pas une obligation. La contrainte, c’est cool si ça t’aide, mais sinon il faut s’en débarrasser. Le but n’est pas de t’accabler pour qu’au final, tu te retrouves à regarder ton compteur à la fin du mois et à te dire « je suis nul·le, j’y arriverai jamais ». Tu n’es pas nul·le. Même si tu n’y arrives pas.
4. Éviter la compétition
Sur Internet, on peut vite se retrouver dans des groupes d’écrivain·e·s (que ce soit sur Facebook, sur des forums, des Discords…). Il y a des espaces que j’apprécie à titre personnel comme le compte CommuAuteurs sur Twitter, les groupes qui se constituent lors du NaNoWriMo, des conversations de groupe entre auteurices, bref vous voyez l’idée.
Néanmoins, il y a quand même un risque : celui de la compétition. On rencontre d’autres gens qui écrivent, au début on est content·e et au bout d’un moment, on sait pas vraiment comment, on commence à se comparer. Ça ne sert à rien.
Alors on pourra avancer l’idée selon laquelle la compétition aide à se motiver, moi je trouve que c’est surtout très nocif. Il n’y a pas de compétition. Enfin, sauf si tu participes à un concours, mais bon à ce moment-là tu te mets toi-même dans une situation spécifique qui laisse place à la compétition.
Alors, c’est normal de ressentir de la jalousie. Il y a plein de fois où je suis jalouse ! D’inconnu·e·s, de gens que je connais de vue, ou de proches. Je suis jalouse parce que Truc a décroché un contrat, parce que Machine a eu une super critique, parce que Bidule a gagné un prix. Oui, ça arrive et ça t’arrivera peut-être aussi. Comment tu géreras cette émotion, ça te regarde. Moi, j’ai tendance à juste l’accepter, la regarder en face, et ensuite je peux passer à autre chose.
De la jalousie, il y en a, il y en a toujours eu, et il y en aura. Mais a-t-on réellement besoin de se rajouter une compétition (implicite ou non) par-dessus ? Je ne pense pas. De toute manière, tu n’écris pas pour gagner (cf. le conseil n°1). Tu sais pourquoi tu écris et a priori ce n’est pas pour battre qui que ce soit.
Donc les « qui finit en premier son bouquin », les « qui est édité·e en premier » et autres « qui a la plus grosse » : poubelle.
5. Garder confiance en soi
Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais si on se répète tous les jours qu’on y arrivera jamais, je pense que c’est vraiment difficile de réussir. La confiance en soi, ça se travaille. C’est pas quelque chose d’inné, ça peut s’acquérir. Et avoir confiance, ça aide à avancer, à persévérer même quand notre travail ne porte pas immédiatement ses fruits.
Répéte-toi que tu vas réussir. Ce roman qui traine depuis 2 ans : tu vas le terminer. Tu ne sais pas quand, tu ne sais pas quelle tête il aura, tu ne sais pas s’il sera apprécié, mais tu peux avoir confiance dans le fait que tu vas le terminer.
Il y a plein de choses sur lesquelles tu n’as pas d’emprise : les réponses des éditeurs, la réception du lectorat, l’impact qu’aura ton œuvre une fois terminée, l’argent qu’elle va te rapporter. Tout ça, c’est pas toi qui décide. Mais toi, ce que tu peux faire, c’est écrire.
J’écoutais justement un podcast très intéressant sur la confiance en soi que j’ai envie de partager avec toi. C’est l’épisode 6 de l’émission Emotions par Louie Media.
6. Laisser le temps au temps
Écrire un roman, ça prend du temps. Surtout quand ce n’est pas notre activité à plein temps. Or j’imagine que si tu écris ton premier roman et que tu lis cet article, tu n’es pas écrivain à plein temps. Peut-être as-tu un autre travail à côté, peut-être as-tu d’autres impératifs dans ta vie, bref tu ne peux pas t’enfermer 7h par jour pour écrire, écrire et écrire jusqu’à ce que ton manuscrit soit terminé.
J’ai envie de te dire : ça prendra le temps que ça prendra. Mon premier roman, j’ai mis 3 bonnes années à le terminer (je raconte dans un article le processus et dans un autre je livre mes impressions après avoir terminé le 1er jet). D’autres mettent 3 mois, ou 1 an, ou 10 ans. Prends le temps dont tu as besoin, surtout pour un premier. Après, lorsque ta carrière sera lancée, tu auras tout le temps pour paniquer face aux délais exigés par tes éditeurs !
Si tu as décidé d’écrire ce roman, c’est a priori parce que tu aimes un peu écrire (sinon mais qu’est-ce qui te prend de faire un truc aussi dur alors que tu aimes pas ça ?!). Donc profite de l’écriture. Tu verras quand viendra le temps de la correction, de la négociation de contrat, et des emmerdes administratives, ça sera nettement moins marrant.
7. Accepter l’échec
Parce que oui, ça va arriver. A un moment ou à un autre. On ne réussit pas à chaque fois. Des fois, on a juste plus envie. On a tou·te·s abandonné des histoires une fois dans notre vie. Ça arrive de jeter 100 pages d’écriture parce que finalement, on trouve que c’est de la merde.
L’échec, ça fait partie de l’aventure.
(Faudrait que je fasse un article dédié à l’échec et l’abandon de projet)
J’espère que cet article vous aura été un peu utile. C’était important pour moi de partager mes réflexions sur ce sujet. Je pense que j’aurais aimé lire tout ça à l’époque où je galérais sur l’écriture de mon premier roman dont je ne voyais pas le bout ^^
N’hésitez pas à le compléter par vos propres réflexions dans les commentaires, je serai ravie de les lire, comme toujours.
5 comments
De super conseils !
Bonne idée d’avoir commencé par le « pourquoi » ; c’est le plus essentiel d’après moi. Avoir quelque chose qui nous guide malgré les doutes et la perte de motivation. Une raison suffisante qui nous pousse à finir notre roman.
Bonjour, merci pour vos écrits notamment sur le copyright par ailleurs. En ce qui concerne mon expérience de l’écriture, rien ne commence par une idée de « roman » : en fait tout commence par une nouvelle tellement courte qu’elle tient en deux ou trois pages voir une seule, ce que les amateurs de SCI-FI connaissent sous le nom de « novela » …et peu à peu , mois après mois, on se retrouve avec 55 pages puis 90…etc….Avec cette obsession permanente de la concision et de la simplicité. Lorsque JMG LE Clezio a reçu le prix Nobel de Littérature , cette institution des Nobel a repris selon moi un peu de crédit: Ils récompensaient enfin un talent de la littérature mondiale accessible au grand public, contrairement à tant d’écrivains primés dont le style est tellement « intello » , comme pour impressionner les autres écrivains : Le Clezio est le maitre à suivre, il est la preuve absolue que « beaux textes » et « récits romanesques » passent par la simplicité absolue et la pureté des mots : des textes semblables à des « haïku occidentaux » . Si il y a donc un conseil à rajouter à ceux, utiles présents ici: Lisez son « Lullaby » si cela n’est déjà fait…..
Lorsque j’acquerrai un centième du talent de Le Clézio , dans l’hypothèse ridicule et absurde que le talent soit quantifiable ce sera un petit accomplissement : les lecteurs éventuels de mes textes ne subiront pas cette lecture mais y trouveront un plaisir réel ;)
[…] Conseils d’écriture […]
Il y a beaucoup de choses à apprendre ici
Très intéressant