Bonjour à tous et à toutes !
Cette semaine je commence à essayer de m’en tenir à mon superbe planning de publications. On est le premier lundi du mois, mon article portera donc sur l’écriture. Plus précisément, l’écriture à quatre mains. Comme à chaque fois, je vais vous donner quelques conseils, basés en grande partie sur mon expérience personnelle. Ces conseils ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais doivent plutôt être vus comme des pistes de réflexion. Le but n’est pas que vous fassiez comme moi (sauf si vous en avez envie, c’est votre droit le plus strict comme dirait mon ancien prof de maths…), mais plutôt que vous vous posiez des questions sur vos propres méthodes, si vous en avez. Et aussi de vous faire découvrir les avantages de l’écriture collaborative.
J’adore l’écriture à quatre mains (ou six, ou huit…), même si j’ai rarement eu le temps d’en parler. Quand j’étais ado, j’écrivais de la fanfiction avec ma meilleure amie de l’époque. On écrivait un chapitre l’une après l’autre, avec des points de vue différents (et on avait de belles Mary-Sues !). Puis j’ai appris à écrire seule et je me suis remise à l’écriture à plusieurs grâce au RPG écrit (on parle aussi de jeu de rôle textuel, je t’invite à lire cet article pour en savoir plus). Pour finir, j’ai monté un projet de romans (et plusieurs tomes d’ailleurs) avec ma copine Chloé Faure du blog Métafaure. Bon, notre projet est au point mort car nous sommes actuellement prises par nos propres projets perso, mais un jour on s’y remettra ! C’est un détail.
Ce que je veux dire, c’est que l’écriture n’est pas nécessairement une activité solitaire, bien au contraire. Déjà, il peut y avoir une forme d’échange avec les lecteurs, il y a un travail collaboratif entre auteur, correcteur et bêtalecteur. Mais on peut aussi être plusieurs auteurs sur un même projet ! On dit parfois que deux cerveaux valent mieux qu’un.
Aujourd’hui, je vais aborder 7 points à mon sens primordial quand on décide de se lancer dans une aventure à quatre mains. Vous êtes chaleureusement invités à compléter la liste via les commentaires, il est probable que je n’ai pas pensé à tout.
1. Choisir son co-auteur
La base. On ne prend pas n’importe qui en guise de co-auteur. On décide rarement d’écrire à deux avec son voisin du dessus alors qu’on était venu lui demander du sucre. Quoi que… ? Quoi qu’il en soit, tout dépend de votre objectif. Si vous voulez écrire une longue saga en 10 tomes, vous avez intérêt à bien choisir ! Si c’est juste pour un défi entre potes, une expérience, le fun, alors ne vous prenez pas trop la tête.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il m’est d’avis qu’il ne faut pas choisir comme co-auteur quelqu’un qui vous ressemble trop. Il faut avoir à peu près les mêmes goûts, mais ne pas être trop connectés pour ne pas toujours penser à la même chose. Les deux co-auteurs doivent être complémentaires pour que l’aventure soit intéressante. Leurs caractères doivent également s’accorder un minimum si on veut éviter de se taper dessus au bout de trois chapitres. Il faut aussi que les deux co-auteurs aient les mêmes objectifs. Si l’un prend l’écriture de l’œuvre commune très à cœur et en fait sa priorité alors que l’autre fait ça pour lui faire plaisir mais n’est pas spécialement motivé, ça ne fonctionnera pas.
Ce qui est assez sympa, c’est quand les qualités des deux co-auteurs (ou plus) se complètent et que les défauts sont mutuellement atténués. J’explique. Auteur A est très bordélique, mais a toujours des bonnes idées de rebondissement quand auteur B est ultra organisé et est doué pour la résolution d’intrigue. On peut espère que l’organisation d’auteur B sera profitable à auteur A, et peut-être même que auteur A aidera auteur B à lâcher un peu de lest si son organisation est trop stalinienne (genre… moi ?). De plus, si auteur A aime faire des nœuds dans l’intrigue mais n’est pas très inventif pour ce qui est de les résoudre, auteur B sera là pour voler à sa rescousse !
2. Poser le contexte ensemble
Plusieurs solutions se présentent quand il s’agit de poser les bases de l’histoire. Soit l’un des auteurs a déjà une idée qu’il présente à l’autre, soit les auteurs la trouvent ensemble autour d’un café ou d’un rhum-orange. Ce qui est important, c’est que les deux auteurs prennent part au processus de création, sinon l’un des deux risquent de se sentir bridé. Il faut pouvoir se faire des brainstorming au début de l’aventure, afin d’échanger ses idées et que chacun puisse exposer son point de vue. Si désaccord il y a, mieux vaut s’en occuper tout de suite ! Il ne faut pas laisser des malentendus s’installer si tôt, sinon vous courrez droit à la catastrophe.
3. Prendre les idées de chacun
Cela rejoint un peu ce que j’ai dit au point 2. Il faut pouvoir prendre des idées d’auteur A et des idées d’auteur B. Pas forcément à part égale, on n’est pas là pour un concours. Mais il est probable que si l’un des auteurs décide de tout au début, ça finisse par clasher. Sauf si l’autre auteur est du genre suiveur, ça arrive.
Mais ce qui fait tout l’intérêt de l’écriture à plusieurs, c’est justement le fait de ne pas être seul à inventer et à écrire ! Deux cerveaux valent mieux qu’un à ce qu’il paraît ! La page blanche a peu de chances de s’inviter quand on est deux. Même si les idées peuvent se contredire et qu’il est possible de se disputer au sujet de l’intrigue, des personnages, des lieux, etc, il n’en demeure pas moins que la confrontation de plusieurs idées et plusieurs points de vue est salutaire.
Être constamment confronté à quelqu’un d’autre, c’est aussi apprendre à remettre en question son propre travail, ses propres idées, c’est apprendre à être critique. Vous trouvez peut-être une idée de rebondissement géniale, mais votre co-auteur vous montrera par A+B que ce n’est pas envisageable et que ça foutrait en l’air le reste de l’histoire. C’est vexant au début, mais après on est plutôt content d’avoir évité la bourde scénaristique.
4. Définir les objectifs
J’en ai un peu parlé dans le point 1, mais j’y reviens parce que j’estime que c’est important. Les objectifs. Il faut absolument qu’ils soient communs et que vous sachiez plus ou moins où vous allez ensemble. Tout dépend de votre mode d’écriture bien sûr, si vous êtes du genre à tout prévoir où pas, mais quand on est deux, on ne peut pas forcément se permettre de faire les choses sans le moindre cadre. Il faut que tout le monde suive.
Vous pouvez par exemple vous mettre des deadlines de manière à ce que personne ne soit frustré. Prenons le cas où vous décideriez d’écrire un chapitre chacun, tour à tour. Si quand c’est votre tour, vous mettez deux mois à pondre votre chapitre alors que votre co-auteur voulait avancer vite le premier jet, vous risquez de vous disputer. Il faut que les choses soient claires entre vous. Qu’est-ce qui est prioritaire ? Quand est-ce qu’on écrit ? Quel temps on se donne ? Est-ce qu’on fait une pause ? Le plus important, c’est la communication. Oui, comme dans un couple !
5. Définir les rôles
Tout dépend du couple d’auteurs que vous formez, mais il va bien falloir en passer par là. Qui écrit ? Qui relit ? Qui décide de ce qu’il se passe ? Il y a des dizaines de possibilités. Parfois l’intrigue et les personnages se construisent à deux, mais seul un des auteurs écrit, l’autre repasse derrière comme un correcteur. D’autres fois, les auteurs écrivent tour à tour et repassent l’un derrière l’autre de manière à unifier le récit et l’écriture. Il est aussi possible d’écrire avec deux personnages et chacun son point de vue de manière à alterner différentes versions de l’histoire. Il est même possible d’écrire deux livres différents avec deux points de vue divergents ! Quelque soit la formule choisie, il est important de définir les rôles au début, de manière à ce que chacun sache ce qu’on attend de lui.
6. Se motiver mutuellement
La motivation est particulièrement infidèle. Elle part souvent en promenade et abandonne l’écrivain à son triste sort pendant des mois. Et ne parlons pas de sa copine l’inspiration… Heureusement, il est parfois possible de s’échanger de la motivation ! Oui, comme avec les cartes Pokemon. Ecrire tout seul, c’est parfois ennuyant, voire triste. On est tout seul, on n’a pas forcément quelqu’un à embêter avec ses idées parce qu’on aura fait fuir tous ses amis à force de leur parler de nos projets d’écriture. Quand on écrit à quatre mains, on a (presque) toujours une oreille attentive et quelqu’un pour nous rassurer, nous motiver et parfois, nous donner un bon coup de pied au derrière ! Parce qu’il faut avouer que nous les écrivains, on a parfois besoin de se faire chahuter pour écrire.
7. Apprendre à faire confiance
Et si mon co-auteur fait du caca avec notre histoire ? Et s’il pique l’idée pour faire sa propre histoire ? Et s’il refuse de changer un truc qui ne me plait pas ? Et s’il tue un perso que je veux voir vivre ? Et s’il refuse de me dire ce qu’il a prévu alors que moi je veux savoir et j’aime pas les surprises ?
Respirez ! L’écriture à quatre mains, c’est une véritable aventure. Les auteurs ont parfois tendance à être un peu despotique avec leurs idées, leurs personnages, forcément ce sont leurs bébés (et je suis la première à hurler à la mort quand on touche à mes perso). Ecrire à deux, c’est accepter que l’autre fasse joujou avec ce qu’on a inventé. Et il faut apprendre à faire confiance à l’autre, à le laisser faire joujou parce que vous aussi, vous ferez joujou avec son travail ! Il faut se surprendre mutuellement, accepter de ne pas avoir le contrôle sur tout ce qu’il passe et prendre son mal en patience lorsque son partenaire refuse de répondre à une question parce que :
Si l’écriture à quatre mains vous intéresse, j’ai mis la main sur quelques autres articles sur le sujet : Quatre règles pour écrire un roman à quatre mains et Comment écrire un roman à quatre mains. Je vous encourage également à lire (ou relire !) cette interview de Jamie Leigh et Kyrian Malone sur mon blog, car ce sont deux auteurs écrivant des romans à quatre mains.
Et vous ?
Avez-vous déjà essayé d’écrire à plusieurs ? Dans quel contexte ? Que vous a apporté cette expérience ? Avez-vous des conseils à donner pour écrire à quatre mains (ou plus) ? Des choses à ne surtout pas faire ? Des choses à faire à tout prix ? Avez-vous envie d’écrire à plusieurs après la lecture de cet article ? N’hésitez pas à laisser des commentaires !
10 comments
Bonjour, merci beaucoup pour cet article ^^ Je viens de tomber dessus et c’était très intéressant. Mais je me pose une question, comment trouver un co-auteur qui veuille bien écrire avec nous ? Je n’ai pas beaucoup d’amis et autant dire qu’ils ne sont pas du tout – mais alors pas du tout – brancher écriture ^^’ Et comme je suis assez timide j’ai du mal à aller vers les autres. Je vous remercie d’avance pour votre réponse, et suis consciente que ce n’est pas très évident comme question, en tout cas merci d’avance et bonne journée ^^
bonjour, je viens de « tomber » sur ce site…j’aime bien. J’écris des poèmes dont certains à deux mains…le piano est joué à quatre mains… c’est vrai qu’il faut une même sensibilité et une grande confiance entre les deux auteurs… souvent c’est un plus de faire cela…
Et aussi, après avoir choisi ensemble un sujet d’article, peut-on chacun de son coté développer ses idées et les confronter ensuite ou est-il préférable de développer les idées ensemble dès le début du processus?
Merci !
J’ai pratiqué les deux et franchement ça dépend des personnalités des deux écrivains @.@
Hello !
J’ai beaucoup apprécié tes différents conseils à travers cet article, c’était enrichissant. J’entreprends de me lancer dans cet exercice d’écriture à quatre mains mais pour la rédaction d’un article et donc d’un écrit beaucoup plus court que celui d’un roman.
Certains conseils que tu viens de citer sont bien évidemment applicables, mais vois-tu d’autres choses qui seraient intéressant d’appliquer pour la rédaction d’un article à quatre mains ?
Je te remercie.
Bonjour,
J’ai écrit un roman à quatre mains avec une amie. Etant une personne de nature bordélique, cette collaboration m’a permis de me recentrer dans l’intrigue, d’éviter de m’éparpiller. De plus, j’ai tendance à avoir énormément d’idées sans qu’aucune n’aboutisse jamais. Mon amie et moi sommes opposées et à la fois complémentaires, ce qui nous a permis à toutes les deux d’améliorer notre façon d’écrire et notre approche du récit.
Avant ce roman ,je n’en avais jamais achevé un seul, entamant diverses histoires sans parvenir à les finir. Cette expérience m’a permis de me rendre compte que c’était possible et, grâce à cela, je suis prête à commencer une histoire seule, que je compte bien terminer. C’est difficile d’écrire seul, quand le moindre obstacle nous fait douter voire arrêter, l’avantage d’être deux et que, dans mon cas du moins, je ne veux pas décevoir. Mon amie m’a motivée et boostée tout au long de cette aventure et à deux, c’est plus difficile de baisser les bras.
Des conseils ? Se mettre d »accord dès le début sur les objectifs et l’histoire. Dans notre cas, nous avons choisi chacune un personnage et un point de vue, ce qui a très bien fonctionné. Mais nous avons également écrit quelques chapitres ensemble. Ce sont d’ailleurs les plus intéressants car ils regroupent les qualités d’écriture de chacune et nos défauts et fautes sont annulées et corrigées par l’autre.
Cette expérience aura été pour moi des plus enrichissantes.
Je conseille vraiment à tout le monde d’essayer l’écriture à quatre mains.
Bon je sais que mon commentaire arrive un peu tard….
Merci
Merci pour le partage de ton expérience :)
Je vais tenter cette expérience pour des textes courts. J’ai apprécié l’article de Cordélia amis aussi le vôtre qui est un bon complément. Merci à toutes deux.
J’ai déjà écrit des textes courts à quatre mains. C’était chacun écrit un paragraphe, en se laissant guider par l’inspiration. Cela a donné de jolie chose. Tout comme toi, je pense pas qu’on puisse écrire avec n’importe qui, il faut une certaine affinité, certains points communs et je pense une écriture qui se rejoint quand même (un peu au moins). En tout cas je trouve que c’est des expériences enrichissantes, même si ça va pas toujours là où on se l’imaginait, c’est aussi ça la surprise d’écrire à plusieurs.
C’est bien d’avoir pu essayer ça, je trouve que c’est vraiment enrichissant comme tu le dis toi-même ^^
Merci pour ton commentaire !