Bonjour à tous et à toutes !
Le mois dernier, j’ai interviewé la blogueuse Mademoiselle Littérature. En juillet, c’était au tour du Papa des petits mensonges de Mr Q ! En septembre, je vous propose de découvrir l’auteur Gilles Milo-Vacéri. Cet écrivain de 49 ans, auteur de 7 romans publiés (plus 3 programmés pour la rentrée littéraire !) et de très nombreuses nouvelles, a accepté de m’accorder une petite interview centrée sur sa technique d’écriture.
Je suis d’avis que chaque écrivain doit trouver sa propre méthode d’écriture. Néanmoins, je trouve qu’il est très intéressant de s’attarder sur les petites méthodes des autres écrivains, il y a toujours moyen de s’inspirer et de leur piquer de petits trucs de manière à améliorer sa propre technique. En tout cas, j’ai pensé qu’il pouvait être bon de vous partager l’expérience de cet écrivain particulièrement productif !
Interview de Gilles Milo-Vacéri
Pourriez-vous présenter votre parcours d’écrivain ? Comment en êtes-vous venu à l’écriture, combien de romans avez-vous écrit et où en êtes-vous aujourd’hui ?
Mon parcours est finalement assez simple. J’ai toujours écrit, d’aussi loin que je puisse m’en souvenir et c’était bien évidemment rempli de tâtonnements, de fautes, voire de textes mal ficelés. Quand j’ai décidé de tenter l’aventure, c’était il y a trois ans et j’ai senti que le moment était venu. Cela m’a pris encore une année pour trouver les éditeurs qui travaillaient à compte d’éditeur et depuis deux ans, j’ai entamé cette nouvelle carrière.
Je ne suis donc pas venu réellement à l’écriture, disons que cela a toujours fait partie de moi et qu’avant de tenter ma chance, il fallait vivre, d’autant plus que j’avais choisi un parcours différent. Les voyages et l’aventure m’étaient nécessaires pour me sentir « vivant ».
Aujourd’hui, mes textes reflètent une bonne part de ce que j’ai vu vivre ainsi que mes expériences, bonnes ou moins bonnes.
Aujourd’hui, je suis en train de me professionnaliser complètement et donc de poursuivre l’aventure de l’écriture afin de pouvoir en vivre. C’est l’objectif de chaque auteur, nous sommes bien d’accord, et je m’en donne les moyens.
À ce jour, j’ai signé onze romans, huit sont déjà publiés, deux le seront d’ici à la fin de l’année ainsi qu’un dernier pour le printemps 2015. Bien entendu, s’ajoutent à cela plusieurs autres romans, en cours de lecture chez mes éditeurs, sans oublier cinquante-trois nouvelles, individuelles ou sous forme de recueils, ainsi que deux livrets poétiques.
Pourriez-vous parler de l’écriture de votre premier roman ? Est-ce que ça a été plus difficile que pour les suivants comme c’est le cas chez de nombreux auteurs ?
Mon premier roman Il ne fallait pas faire pleurer le loup était un thriller et je l’avais en tête depuis longtemps déjà. L’écriture en a donc été plus spontanée et plus rapide. Maintenant, je dois faire amende honorable, à cette époque je ne maîtrisais pas toute la technique de l’écriture, j’étais ignorant de bien des choses et pourtant j’ai eu la chance de retenir l’attention de l’éditeur.
Progresser n’induit pas de difficultés supplémentaires et si l’écriture est toujours aussi rapide et spontanée, j’ai grandement amélioré mon style. Dès le début, j’ai accepté de me remettre en question et de suivre les directives des éditeurs grâce à mes directrices éditoriales qui m’ont tout appris. C’est un métier où il faut écouter et réaliser que l’apprentissage est ardu et très long.
Que pensez-vous des techniques d’écriture, des méthodes qu’on trouve dans des livres comme J’écris mon roman en 365 jours, etc. ?
Je n’en pense pas grand-chose pour ne pas connaître ces méthodes. Pour ma part, j’ai mis au point ma méthode et je l’ai partagée sur mon blog. En effet, de nombreux jeunes auteurs me posaient la question et plutôt que jouer les égoïstes, je l’ai publiée. Maintenant, cela reste ma méthode et elle me convient parfaitement. Ce qui est vrai pour moi ne le sera pas nécessairement pour un autre et je conseille vivement à chacun de s’y mettre, de s’organiser et de créer sa propre méthode d’écriture. Celle-ci sera toujours la meilleure de toutes…
Comment avez-vous mis au point votre technique d’écriture ? En avez-vous essayé d’autres avant de trouver celle dont vous allez nous parler ?
Je l’ai réfléchie et mise au point tout en écrivant. Je voyais bien les manques, les erreurs et j’ai tenté d’y remédier en appliquant une méthode que j’ai peaufiné avec le temps, en réponses aux expériences et surtout, aux problèmes qui ne manquaient jamais de survenir.
Non, je n’ai pas appliqué de méthodologie au début et c’est réellement en écrivant et en me frottant aux impératifs de l’écriture que j’ai créé mon propre système de réponses, mes outils et donc, ma méthode. J’insiste, ce qui est bien pour moi ne le sera pas pour un autre. L’écriture étant parfaitement subjective, je pense qu’il n’y a pas de réponse générale et précise à un problème donné.
Comment vous organisez-vous pour écrire un roman ? Pouvez-vous nous expliquer un peu votre technique ?
Il est une vérité absolue que l’on peut tourner dans tous les sens, essayer de contrarier, voire d’en démontrer le contraire, mais un auteur sans technique ni organisation ne sera jamais un auteur. On ne peut écrire sans avoir une structure de base en laissant libre cours à son imagination, c’est la garantie d’un échec annoncé.
Je ne prétends pas détenir la vérité ou avoir la meilleure technique. Fondamentalement, un auteur ne sera à l’aise qu’avec SA technique, qu’il se fabrique, travaille, peaufine avec le temps et qu’il cisèlera au fur et à mesure des textes qu’il écrira.
Je veux bien partager la mienne, elle n’a rien de secret, d’autant plus qu’à mes débuts, personne ne m’a donné de conseils et je me suis heurté à ce mur d’indifférence assez déconcertant de la part de nos aînés. J’ai fait le pari contraire et je partage mon expérience, mes trucs et astuces via des rubriques allouées sur mon blog.
Allez, hop ! C’est parti et je vous dis tout en dix points.
Compte tenu qu’un roman, qu’une nouvelle, quel que soit le genre littéraire choisi, doit tout d’abord relever de la crédibilité, j’ai mis en place plusieurs phases pour lesquelles j’ai créé des outils ad hoc, qui fleurent bon l’artisanat, certes, mais qui me sont toujours indispensables et qui se révèlent au final très précieux en matière de gain de temps.
- L’idée d’un texte survient à n’importe quel moment et je ne conserve que les meilleures. D’autre part, connaissant bien les lignes éditoriales des éditeurs avec qui je travaille, je sais à l’avance vers qui me tourner pour présenter mon projet finalisé.
- Je lance un premier synopsis qui me permet de coucher noir sur blanc mon idée.
- Je crée les fiches personnage via Excel. Je note absolument tout, du portrait physique au portrait moral, les dates importantes, les blessures, les faits marquants, les véhicules, etc.
- Je dessine une time line qui me sert de repère temporel, tant pour les actions que pour les naissances, décès des personnages, etc.
- Je contrôle toutes les informations dont j’ai besoin, je ne me repose pas uniquement sur mes connaissances, d’autant plus que la plupart de mes projets se situent dans un passé, plus ou moins historique, pendant lequel mes personnages fictifs rencontrent souvent des personnages réels avec une vie bien connue.
(bis) Je veille tout particulièrement à l’Histoire, la géographie, la contemporanéité des personnages, les évolutions et modifications des frontières, les noms de lieu, etc. C’est le premier point à mon avis qui peut ruiner un livre et sa cohérence. (J’aurais peut-être dû me lancer dans la Science-Fiction et non dans les polars et autres thrillers…) - Pour gagner en régularité, je passe au « chapitrage » afin de définir le cadre de mes actions. J’ai ainsi un tempo régulier et c’est ici que je travaille le phénomène page-turner. J’incite mon lecteur à ne pas s’arrêter à un chapitre mais à tourner la page en achevant le chapitre par un événement particulier qui le surprend et lui donne envie de savoir la suite.
- Je travaille énormément mes épilogues et prologues. C’est une façon de créer une atmosphère et surtout de solutionner une intrigue avec la « dernière gifle », en fin de texte.
- Je veille à utiliser un vocabulaire simple, compréhensible par n’importe qui. Je pense au plaisir de mon lecteur et mon but final est de le faire rêver et non qu’il s’abonne à l’encyclopédie Larousse en cinquante volumes pour me lire. C’est très certainement pour cela que le mot « fluidité » revient souvent dans les critiques me concernant. J’écris du roman de gare, scientifiquement appelé de la paralittérature et… j’en suis fier !
- Je découpe donc mon texte en chapitres pour me faciliter la vie. Une fois le chapitre terminé, je le reprends en plusieurs phases de correction. Relecture de cohérence, fluidité, vocabulaire et répétitions, orthographe et grammaire, concordance de temps, etc. Ensuite, je fais une dernière passe avec un logiciel de correction professionnelle puis je le sauvegarde. Quand tous les chapitres sont achevés et corrigés, j’assemble le roman proprement dit en un seul fichier. Cette technique est moins fastidieuse que la correction d’un roman en entier.
- Je termine en peaufinant mon synopsis que j’enverrai à l’éditeur soigneusement choisi. je rédige une 4e de couverture et j’attends la réponse…
C’est globalement la technique que j’applique à tous mes textes, romans comme nouvelles. L’écriture ne souffre aucune approximation ni hasard. Et le gain de temps est phénoménal ! Au risque de vous surprendre, j’écris un roman en trois semaines et une nouvelle, en un à deux jours. Ajoutez à cela mes journées de quinze heures de travail et vous comprendrez pourquoi je publie si souvent. Cela n’empêche pas les erreurs, je ne suis pas infaillible et tant mieux ! Cela me donne l’occasion de discuter avec mes lecteurs sur tel ou tel sujet et parfois ce sont des discussions endiablées qui me plaisent beaucoup.
Si je m’impose encore aujourd’hui ce modus operandi c’est tout simplement parce qu’il m’a permis de convaincre des éditeurs et d’être édité. Maintenant, il est vrai que de plus en plus souvent, je m’éloigne de certaines phases car j’ai construit mon fonctionnement et je le garde à l’esprit en permanence. Cela dit, cette technique reste mon point fixe et le repère le plus fiable pour rédiger un texte, disons que c’est mon garde-fou.
Mon but, je le répète est de faire rêver mon lecteur et de lui offrir un récit qui brisera sa routine et qui lui permettra de s’évader. Pour cela, il faut s’appuyer sur la vraie vie, les réalités et y mêler subtilement des personnages, des événements et une intrigue relevant de l’imaginaire. Sans technique, c’est impossible et bien malin celui qui se vantera d’écrire ainsi, au fil de sa plume, sans recherches et sans notes…
Pour conclure, je vous donne le lien vers une page de mon blog officiel où sont recensés une douzaine d’articles sur la technique littéraire, comme les prologue et épilogue, la typo, les scènes de sexe, etc.
Quels sont vos objectifs maintenant ?
Poursuivre ma route et comme je le disais plus haut, vivre de ma plume. J’ai prévu les étapes et aujourd’hui, je travaille déjà sur les projets 2016. Il n’y a pas de secret, pour réussir dans ce métier, il faut avoir une vision à long terme et beaucoup de patience.
Si vous aviez un seul conseil à donner aux jeunes écrivains toujours sur leur premier roman ?
Un seul serait trop réducteur et je vais en donner trois qui pourraient être utiles.
- Primo, se faire plaisir en écrivant.
- Secundo, bien choisir son éditeur.
- Tertio, se remettre en questions tout le temps.
Tout le reste peut s’apprendre. Ensuite, la différence se fera par votre imagination et les histoires que vous raconterez. Et pour cela, il n’existe aucun remède miracle, aucune potion magique et encore moins de passe-droit… Il y a une règle implacable, dure à entendre et qui pourtant reste une vérité absolue pour un auteur :
- Vous savez raconter une histoire… Ou pas.
Le reste suivra tout seul en appliquant les trois conseils ci-dessus. Promis !
Vous pouvez retrouver Gilles Milo-Vacéri sur son site internet, Facebook, Google+ et Twitter ! Je ne peux que vous inviter à découvrir ses écrits. En tout cas, on peut le remercier d’avoir bien voulu partager son expérience avec nous.
Et vous ?
Connaissiez-vous cet auteur ? Que pensez-vous de sa méthode d’écriture ? Avez-vous vous-même une petite méthode perso pour écrire ? Ou utilisez-vous celle proposée par un écrivain, peut-être adaptée ? N’hésitez pas à partager votre expérience via les commentaires !
1 comment
Je suis parfaitement d’accord avec le fait qu’il faut s’inspirer de différentes méthodes d’écriture mais créer ensuite sa propre méthode. Faire des tests, faire des choix, c’est important pour se sentir à l’aise. :-)