Bonjour à tou·te·s ! Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris le temps et l’énergie d’écrire sur ce blog. Je pense qu’il est temps de m’y remettre. Au moins un peu, pour vous parler l’auto-édition. Comme vous avez pu le constater, j’avais malgré tout publié de petites choses, notamment des vidéos, mais rien de bien consistant en terme de lecture (depuis l’an dernier et mon article sur les 5 raisons d’ouvrir un blog d’écrivain pour être précise !).
Comme vous le savez sans doute, l’an dernier : j’ai sorti mon premier roman en auto-édition. Vous pouvez le retrouver facilement en suivant le lien. J’ai réalisé plusieurs vidéos sur cette expérience incroyable et formatrice, mais je n’ai écrit aucun article. C’est bien dommage car j’adore les blogs, au fond !
Il y a quelques jours, j’ai sorti une vidéo consacrée à la préparation d’un crowdfunding, dans le but d’aider d’autres personnes susceptibles de suivre le même chemin que moi : celui de l’auto-édition couplé au financement participatif.
Mais il est vrai (et vous êtes quelques un·e·s à me l’avoir fait remarqué) que je n’ai pas encore eu l’occasion d’expliquer pourquoi j’avais fait le choix de l’auto-édition.
Dans un précédent article, je vous présentais les différents moyens d’éditer son livre et j’avais présenté l’auto-édition comme une solution valable et même viable. C’est un choix comme un autre ! Choix que j’ai réalisé l’an dernier avec la publication de Mon Amie Gabrielle. Aujourd’hui, il est grand temps de vous expliquer pourquoi l’auto-édition, quels ont été les avantages de ce choix, bref : je vais vous partager mon expérience personnelle, en espérant qu’elle aidera certain·e·s d’entre vous à se lancer ou non dans cette aventure.
Pourquoi ne pas tenter ma chance dans une maison d’édition ?
J’avais envoyé quelques manuscrits, reçu quelques réponses négatives. Mais je n’étais pas surpris : Mon Amie Gabrielle est mon premier roman, personne ne me connaissait, et en plus le manuscrit avait (et a toujours malgré les corrections) de grandes faiblesses. Un éditeur aurait eu tellement de travail avec moi pour rendre mon roman vendable, j’en ai parfaitement conscience, que le risque n’en valait peut-être pas la chandelle. C’était quasiment impensable d’être élue par une maison d’édition, surtout une grande.
Par ailleurs, Mon Amie Gabrielle est un peu hybride dans le sens où il se range difficilement dans une librairie. Rayon jeunesse ? Non, les personnages grandissent et il y a beaucoup de violences dans la partie 2. Rayon adulte ? Bof, la première partie au lycée ne correspond pas vraiment. D’un point de vue purement marketing, ça aurait été un gros risque, surtout pour une jeune autrice venue de nulle part qu’on ne peut même pas mettre en avant.
Le marché du livre est ce qu’il est : avec ses catalogues et ses rayonnages bien rangés. Je me suis vite rendue à l’évidence : je ne voyais même pas de maison d’édition susceptible d’éditer Mon Amie Gabrielle. Ni même dans quelle ligne éditoriale, ce roman aurait pu se glisser (à part sur un malentendu).
Et soyons un peu réaliste. Une héroïne trans, un héros bisexuel, un personnage secondaire gay. Même mes proches m’ont dit que ça faisait « trop » parfois. Je ne suis pas Cat Clarke, je ne suis pas David Levithan. La littérature LGBT, en particulier en France, n’est pas du tout mise en avant. Alors ça commence doucement, mais à l’époque où j’ai terminé Mon Amie Gabrielle, il n’y avait encore rien sur les étalages des librairies de réellement queer. Aujourd’hui encore, les éditeurs préfèrent traduire des livres queer qui ont cartonné à l’étranger plutôt que d’éditer des auteurs et autrices françaises.
Et puis les maisons d’édition spécialisées ne m’attiraient pas. Elles ont souvent peu de distribution, prennent malgré tout un pourcentage important et j’ai quelques proches qui m’avaient rapporté de mauvaises expériences.
En plus, il y avait les délais. 3 à 6 mois, voire 1 an pour une réponse. Ensuite le négociation, la correction, la promo… Franchement, j’aurais bien été partie pour 2 ans de travail alors que tout ce que je voulais, c’était en finir avec cette histoire. J’étais beaucoup trop impatiente.
Pourquoi pas Amazon/Lulu/etc ?
J’ai l’avantage d’avoir déjà réalisé des livres. J’ai travaillé dans l’édition pendant 2 ans, je sais mettre en page un manuscrit, je sais travailler avec un imprimeur, je maîtrise les logiciels de mise en page. Je n’avais donc pas besoin d’un intermédiaire (qui au passage, allait me prendre des thunes) pour réaliser l’objet livre.
Je voulais une couverture spéciale, un grammage particulier, des illustrations intérieures. C’était vraiment beaucoup plus simple de faire tout moi-même, d’autant plus que j’avais la place de stocker 500 livres. Et en ayant le contrôle de mes stocks, je pouvais aussi offrir des livres, faire des services presse, ce qu’il n’est pas possible – il me semble – alors les plateformes d’impression à la demande.
En plus, lorsque je fais des déplacements, j’ai parfois besoin d’emmener 30/40 livres. Il vaut donc mieux de les avoir directement chez moi plutôt que de devoir demander à un prestataire à chaque fois que je fais un truc.
Par ailleurs, je n’avais pas besoin d’impression à la demande puisque je savais à combien d’exemplaires j’allais imprimer le livre. Plus tu commandes, plus le prix à l’unité baisse. Donc ça permettait de réduire les coûts de production, et donc de vendre mon livre 15€ et non 25€, voire plus. Et puis en plus, j’ai pu faire plein de goodies !
Pourquoi l’auto-édition ?
J’avais réellement besoin de me « débarrasser » de cette histoire pour tourner officiellement la page. Ce roman traînait dans un tiroir depuis des années, il fallait qu’il sorte et l’auto-édition était la façon la plus rapide de le faire. Je voulais qu’il soit lu, car je l’avais écrit pour un public et non pour moi-même et qu’il atteigne un peu son but de sensibilisation aux questions LGBT. Rien qu’un peu.
J’ai la chance d’avoir grâce au blog, à mes chaînes YouTube, à mes réseaux sociaux, une communauté qui suit ce que je fais et susceptible d’être intéressée par mes productions. Le crowdfunding était donc tout à fait pertinent. Il me permettait de payer l’impression de 500 exemplaires, de goodies, sans avoir besoin d’avancer de l’argent. Et puis au pire, je m’étais dit « tant pis, je ne ferais qu’un ebook à télécharger et basta ! ».
Je ne me suis pas coupé les cheveux en quatre longtemps : je voulais sortir mon livre, je voulais qu’il soit lu, je voulais une version papier, je voulais que ce soit assez rapide, j’avais sous la main illustrateur, correctrices et éventuellement des amis graphistes dans le cas où je me cassais les dents sur la mise en page. Je me suis lancée dans l’auto-édition !
Les avantages
- Je fais ce que je veux
- Je contrôle le processus de publication de A à Z, notamment ma communication (pas de bandeau « une histoire universelle qui vous en apprendra sur vous-même…« )
- Personne ne m’impose quoi que ce soit (une couverture, un changement dans le livre pour qu’il soit « plus vendeur »)
- J’ai choisi le format de mon livre, le papier, le grammage
- J’ai un contrôle total sur mes stocks, je sais ce que je vends
- Je peux mettre mon livre en version numérique gratuitement sur internet sans que mon éditeur tire la tronche
- Je garde mes droits sur mon travail
- J’ai ce sentiment de fierté du travail accompli
- Les retours se font en direct, sans intermédiaire
- Je conserve 100% des bénéfices (et pas un pourcentage nul de 5% sur les ventes)
Les désavantages
- C’est BEAUCOUP de travail, de temps et d’investissement moral
- Mon roman n’est dans aucune librairie, vous ne pouvez le commander en version papier qu’en direct (par internet ou IRL)
- J’ai des dizaines de cartons de livres stockés chez moi (c’est lourd et ça prend de la place)
- J’envoie chaque livre moi-même, j’écris l’adresse à la main, je vais à la Poste, etc.
- Je n’ai pas de publicité autre que … la mienne
- Je n’ai pas de maison d’édition pour me sponsoriser dans divers salons du livre et lieux de promotions
Bilan ? Une immense réussite !
Le crowdfunding a été une immense réussite. En 24h, l’objectif était atteint et au bout de 40 jours, on était à 233% ! Un mois après, les cartons de livres étaient déposés chez moi et la soirée de lancement rassemblait plus de 60 personnes à Paris !
J’ai fait des dédicaces (d’ailleurs je suis totalement ok si vous voulez m’inviter, même dans une autre ville que Paris ! J’attends vos invitations !), j’ai imprimé 500 exemplaires dont 300 sont partis directement dans les contreparties. Le mois dernier j’ai fait une réimpression de 200 livres. L’objet livre est magnifique, j’en suis fière.
J’ai eu plein de retours, et souvent des bons ! J’ai pris les mauvais et les critiques aussi, mais je sais que ce n’est que mon premier roman. J’ai toute ma vie pour grandir en tant qu’écrivain ! Évidemment que le premier a des défauts et je suis assez grande pour les voir moi-même.
On dit souvent qu’un premier roman marche pas trop mal à partir du moment où il s’écoule 500 exemplaires. Les 500 premiers sont partis et je suis sûre que les 200 suivants le seront dans l’année. D’ailleurs si ça vous intéresse d’obtenir le livre papier, n’hésitez pas à m’envoyer un mail ;)
En résumé, pour mon premier roman, j’ai joué le jeu de l’auto-édition et je ne le regrette pas. Après tout : VOUS L’AVEZ LU ! Et c’est tout ce qui compte à mes yeux. Je pense que je tenterais d’autres moyens d’édition, j’ai encore des dizaines d’histoires à écrire ! Mais en tout cas, Mon Amie Gabrielle est très bien comme elle est (sauf si vous êtes une grosse maison d’édition prête à me faire un gros chèque).
6 comments
Super article … En vous lisant, j’avais le sentiment de lire les étapes de ma vie, en ce moment où je suis à la recherche d’une solution d’édition pour mon premier roman, un polar historique « Le serment de haine ». J’ai opté fermement pour l’autoédition numérique, que je mettrai en oeuvre au début de l’année 2019, et je prépare la promotion (l’autopromotion, en réalité, comme vous le rappelez) en créant une page FB LivrEnigme et un blog LivrEnigme.com, tous deux consacrés au roman policier, avec des débordements vers l’Histoire et l’ésotérisme (j’ai aussi sous le coude un chantier d’écriture d’un polar ésotérique). FB me faisant des ennuis depuis ce jeudi 20/12 (je partage sans forcément passer par les boostings payants proposés, alors je suis punie jusqu’à aujourd’hui dimanche…), je pleure et je doute beaucoup. Si je m’autoédite, numérique ou papier (dans un second temps, sur commande peut-être, à voir: n’ayant pas votre expérience dans le monde de l’édition, je redoute un peu de me trouver dans des difficultés imprévues), il faudra que je puisse communiquer par FB. Votre article est comme une bouffée d’oxygène qui m’aide beaucoup. Encore merci !
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Bravo !! C’est vraiment une belle histoire et une belle aventure qu’est l’auto-édition.
Je suis moi-même en train d’écrire mon premier roman et je réfléchi aussi au façon que j’ai de publié mon roman. Je pense que je vais envoyer mon manuscrit à quelques éditeurs sans beaucoup d’espoir étant donné que c’est mon premier livre et que personne me connait.
En fonction des réponses il est fort probable que je me lance dans l’auto-édition, je choisirais je pense une voie plus simple, j’ai vu notamment que amazon propose des options intéressantes via son programme KDP.
Merci pour ton témoignage, ça fait plaisir de voir qu’avec de la volonté on réussit !!
Félicitations ! Un premier roman à 24…ça me donne des complexes :)
Article très intéressant, mais je ne suis toujours pas convaincue par l’auto-édition. J’ai commencé un roman et je pense que si aucune maison d’édition ne veut de lui (et il en existe des « petites » plus accessibles), ça ne vaut pas la peine. C’est trop de travail pour si peu de résultat. Je me dis que j’aurais écrit pour écrire, et c’est ce que j’ai toujours fait après tout !
Mais toi, tu as tes propres raisons d’avoir choisi cette voie, donc je comprends aussi !